Témoignage de Romain, chargé de projet santé et social depuis plus d’un an et demi à l’Ecole du Bayon, et dont l’aventure se termine aujourd’hui. Il revient sur son parcours et son expérience ici au Cambodge.

Après plus d’un an et demi à l’Ecole du Bayon, il est venu pour moi le moment de clore ce chapitre et d’entamer une nouvelle page, avec d’autres projets en France.

C’est avec le cœur lourd que j’écris ces quelques lignes sur mon expérience. Et avec tristesse que je quitterai ce beau pays ! D’abord, parce que je ne reverrai pas les écoles ouvertes. Ces enfants, courant, jouant, criant, riant, en un mot heureux d’être à l’école. Ces jeunes femmes, à la conquête d’une vie meilleure, partageant des moments de complicité malgré la barrière de la langue. Des souvenirs joyeux, qui remontent déjà à plusieurs mois, mais que je chérirai pour longtemps. Ensuite, parce que les Cambodgiens, qui ont tant souffert dans un passé pas si lointain et affrontent une nouvelle crise d’ampleur m’ont beaucoup appris sur la vie, la joie, la tristesse, etc. Avec un sourire toujours accroché sur leurs visages, ils traversent les épreuves là où beaucoup auraient déjà flanché. Grâce à eux, c’est avec un œil neuf et une pensée différente que j’aborde le futur !

J’ai eu la chance, grâce à la souplesse du Bayon, de naviguer à travers les programmes, d’abord par la réalisation d’un diagnostic du projet Santé et l’accompagnement des activités sportives et artistiques à l’école primaire, ensuite comme « facilitateur » auprès de l’équipe sociale et par la mise en place de la base de données médico-socio-éducatives, et enfin en charge du projet de coopération entre BED et PSE Siem Reap. J’ai pris plaisir à travailler avec chacun ; tous ces collègues plus impliqués les uns que les autres et qui font vivre cette belle histoire qu’est le Bayon.

Attention, tout n’a pas été facile. Nouvelle culture, nouvelles façons de travailler ; loin des mentalités françaises et de ma première expérience professionnelle. Il faut donc s’adapter, mais qu’est-ce qu’on en ressort grandi. Quel plaisir ensuite de voir se réaliser les projets pensés et mis en place main dans la main avec les Cambodgiens !

Ensuite est arrivé le COVID-19, tout a été perturbé ; les plans à 3 ans tombent à l’eau, les projets sont chamboulés, les priorités changent, les actions doivent être réadaptées quotidiennement. Les équipes éducatives se sont employées à expérimenter et innover pour trouver toutes les solutions possibles afin de limiter le retard scolaire engendré par les fermetures d’école. L’équipe sociale et santé s’est démenée pour apporter l’aide nécessaire aux familles, ici en riz, là en légumes avec l’aide de l’équipe green farming, ailleurs en soutien médical, etc. Pour cela, nous pouvons leur tirer un grand coup de chapeau. Malgré une situation qui s’améliore nettement en France, avec des restrictions qui disparaissent les unes après les autres, n’oublions pas que ce virus continue de faire des dommages dans d’autres régions du monde, parmi les plus pauvres malheureusement. Ici, malgré le faible nombre de cas et de décès pour le moment, l’éducation d’une génération est sacrifiée… Les inégalités, déjà criantes, vont s’accroitre. Le futur s’annonce complexe. Plus que jamais, le rôle de l’Ecole du Bayon sera indispensable.

Mais dans chaque crise, il y a des opportunités à saisir. Pour Siem Reap, qu’un nouveau modèle touristique s’impose et bénéficie au plus grand nombre. Pour le Bayon, que cette période extrêmement difficile ait rendu notre modèle plus résilient et nos équipes plus soudées, au profit des bénéficiaires.

Malgré la tristesse du départ et l’appréhension du retour en France, c’est avec fierté que je mesure le chemin parcouru. Fierté d’avoir mis à profit mes compétences pour les plus défavorisés ! Fierté d’avoir réussi à m’intégrer dans cet environnement multiculturel ! Fierté d’avoir contribué à tous ces beaux projets !

Pour conclure, en premier lieu, je souhaite le meilleur à tous les élèves présents et futurs du Bayon, qu’ils soient à l’école primaire ou dans le programme Follow-up ; qu’ils soient à l’université ou en formation professionnelle. Je sais qu’ils seront encadrés au mieux par l’équipe pour leur permettre d’atteindre leurs rêves.

Enfin, je remercie tous mes collègues, membres de la famille Bayon ici au Cambodge, pour leur accueil chaleureux et leur générosité. Je ne vous oublierai pas, et je continuerai de suivre vos nombreuses réussites de loin !