Ronouch, coordinatrice du programme Social et Santé : un rôle clé auprès de nos bénéficiaires

Ronouch, coordinatrice du programme Social et Santé : un rôle clé auprès de nos bénéficiaires

Ronouch est la nouvelle coordinatrice du programme social et de la santé à l’école primaire. Elle nous raconte son quotidien et les actions qu’elle mène tout au long de l’année et notamment la visite annuelle des familles.

Quelles sont les principales actions que tu mets en œuvre à l’école primaire ?

Distribution Kits d'Hygiènes Ecole primaire

À l’école primaire, je m’occupe de plein de choses différentes. Je participe notamment aux conseils de classe qui ont lieu chaque trimestre pour faire le point sur les besoins de chaque élève et les résultats des évaluations. Je m’occupe aussi du suivi de santé et d’hygiène de chacun (Gestion du budget annuel pour l’achat des kits d’hygiène, gestion de la distribution des kits, travailler avec les cliniques et hôpitaux partenaires, faciliter et organiser le séjour des enfants qui se font soigner en dehors de la province de Siem Reap).

Je soutiens et stimule la bonne fréquentation scolaire des élèves en effectuant un contrôle régulier des absences et je les encourage dans leur apprentissage en essayant de trouver une solution plus professionnalisante si l’élève ne veut plus venir à l’école.

Mon rôle est également de superviser et de coordonner le recrutement des élèves de l’école primaire du Bayon (collecter les candidatures, sélectionner les élèves), d’assurer la visite annuelle des familles (créer un planning de visite au domicile des familles, remplir la base de données, assurer un compte-rendu avec l’équipe de l’école primaire), d’engager les familles dans le processus de scolarisation de leur enfant par le biais de réunions, d’ateliers et de soutien alimentaire ou médicamenteux lorsqu’elles en ont besoin.

Peux-tu expliquer en quoi consiste la visite annuelle des familles qui a lieu chaque année ?

Nous réalisons la visite des familles une fois par an. Au cours de l’année académique 2021-2022, nous avons 253 élèves et 184 familles qui ont en moyenne 2 enfants dans notre programme. L’objectif de cette visite est d’en savoir plus sur la situation familiale de nos bénéficiaires et sur son évolution afin de déterminer leur niveau social pour la nouvelle année scolaire. A la fin de toutes les visites, une réunion avec toute l’équipe est organisée pour présenter la situation sociale de chaque famille et ainsi établir un niveau social.

Quelles sont les questions posées pour déterminer ce niveau social ?

Nous avons 6 catégories de questions à poser à chaque famille pour pouvoir analyser au mieux quel va être leur niveau social.

Tout d’abord, nous leur posons des questions sur la famille, combien y’a-t-il de membre dans la famille actuellement, y-a-t-il eu des naissances ou des décès ? Ont-ils un emploi actuellement et si oui, quel est-il ? Les membres de la famille sont-ils en bonne santé ?

Ensuite, viennent les questions concernant le logement et leurs différents biens, pour savoir avec quels types de matériaux sont construites leurs maisons ? Comment est leur installation sanitaire ? Comment ont-ils accès à l’eau ? Ont-ils accès à l’électricité ? Est-ce qu’ils ont leur propre champ ou terrain à côté de leur habitation et quel est le prix ? Quelle est la taille de leur maison et du terrain ? Combien ont-ils de motos ? Ont-ils des animaux ? Possèdent-ils une voiture, un tracteur ou tout autre véhicule ?

Enfin, viennent les questions concernant les revenus et les dépenses. Nous cherchons à établir une moyenne de leurs biens matériels et financiers qui nous permettent, à la fin de la visite, de faire correspondre ces réponses à nos critères et donc d’évaluer leur niveau de vie actuel.

Comment se déroule chaque visite ?

Ronouch en visite chez une famille

Tout d’abord, nous devons établir un planning des visites annuelles avec la date et l’heure. Nous essayons toujours de regrouper les visites des familles qui habitent dans le même village. Trois à quatre visites sont prévues par demi-journée et nous nous rendons au sein de chaque domicile de chaque famille. Après avoir terminé la visite des familles, nous présentons les résultats lors d’une réunion d’évaluation pour discuter du niveau social de chaque famille et informer chaque membre de l’équipe de la situation de chacune d’entre elles.

Qu’est ce qui est le plus challengeant lors de ces visites ?

Comme les familles sont toutes éparpillées dans des villages autour des temples d’Angkor, il est parfois difficile de se souvenir de l’endroit où vivent nos 184 bénéficiaires tout en sachant qu’elles n’ont pas d’adresses postales. La région des temples est une immense forêt dont le terrain n’est pas toujours simple à maîtriser. Il faut donc du temps pour mieux les connaître et toujours les prévenir de notre visite en amont.

Quels sont les moyens par lesquels les familles peuvent te contacter pour signaler une situation compliquée ?

Lors de ma prise de fonction en tant que coordinatrice du programme social et de la santé à l’école primaire, je me suis présentée auprès de chaque famille et je leur ai donné un numéro pour me contacter à tout moment. Si je ne suis pas joignable, la famille peut toujours joindre l’équipe de l’école primaire qui me transmettra l’information.

Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Lancé en 2021 par l’Unesco et Guerlain, le programme Women for Bees, dont la marraine est Angelina Jolie, a pour but de promouvoir l’apiculture à travers le monde tout en renforçant le rôle des femmes au sein de leur communauté.

Avant d’avoir une dimension sociale, le programme est principalement axé sur la protection et le repeuplement des abeilles, responsables de 90% de la pollinisation des fleurs sauvages à travers le monde. Aujourd’hui menacées par le dérèglement climatique, l’UNESCO prévoit d’installer 2500 ruches dans 25 réserves de biosphère à travers le monde : en France, en Italie, en Bulgarie, en Slovénie, en Russie, en Ethiopie, au Rwanda, en Chine ainsi qu’au Cambodge. En effet, la région du Tonlé Sap constitue une des plus grandes réserves de biosphère actuelles et la majestueuse forêt entourant les temples d’Angkor un lieu propice à leur développement.

L’initiative vise à étudier les bénéfices de la pollinisation tout en mettant les femmes au cœur de l’action. Métier majoritairement masculin, le programme Women for Bees, Des Femmes pour des Abeilles en français, encourage les femmes à être des « conceptrices du changement » en devenant apicultrices. La formation se déroule sur plusieurs semaines et consiste à enseigner à ces femmes les techniques d’une apiculture durable, les encourageant ainsi à apprendre et devenir de vraies expertes dans le domaine, avant de pouvoir étendre leurs connaissances à d’autres.

Au Cambodge, l’enjeu est de protéger les abeilles sauvages du pays, regroupant 4 espèces au total, là où en France qu’une seule espèce existe. Eric Guérin, biologiste français et spécialiste de la conservation des abeilles sauvages d’Asie et de l’apiculture durable, est en charge du programme à Siem Reap et forme 6 femmes au métier d’apicultrice, en travaillant avec l’une des espèces d’abeilles asiatiques qui existe ici, « l’apis cerana ». Sur ces 6 femmes, 4 sont des mamans dont les enfants sont à l’Ecole du Bayon.

 « Au-delà de l’apprentissage de compétences techniques, cette formation est l’opportunité pour elles de s’émanciper, par la prise de conscience qu’elles sont finalement capables de le faire. Toutes, la première fois, et comme souvent au Cambodge parmi les populations les plus défavorisées et notamment les femmes, répondent qu’elles ne sauront pas faire, ou qu’elles n’ont pas les moyens d’apprendre. Et finalement, elles ont été elles-mêmes surprises de leur capacité à se former sur le sujet. » explique Eric, qui travaille avec elles chaque semaine sur le terrain.

Situées dans l’enceinte des temples d’Angkor, ces futures apicultrices sont toutes issues d’un milieu défavorisé, critère de sélection pour faire partie du projet : si l’objectif numéro 1 est de préserver les abeilles, symbole fragile d’une planète abimée par le dérèglement climatique, l’objectif numéro 2, tout aussi important, est de renforcer les compétences des femmes à travers le monde en les incluant dans la préservation d’un environnement durable.

Eric explique qu’au cours des semaines, elles se sont transformées : « les femmes que j’ai aujourd’hui en face de moi ne sont pas les mêmes qu’il y a 4 mois. Elles ont gagné en assurance, s’expriment librement, donnent leur opinion. Leur transformation est remarquable, tout comme leur envie d’apprendre. »

Elles ont, plus que d’autres, un rôle important à jouer, notamment lorsque l’on sait qu’elles sont les premières impactées par le réchauffement climatique à travers le monde (PNUD), et que les conséquences de ces dérèglements entraînent des inégalités indirectement liées aux questions de genre et d’oppressions sociales auxquelles les femmes du monde entier font face aujourd’hui (Nations Unies).

A l’issue de la formation donnée par Eric Guérin, nos apicultrices en herbe travailleront conjointement avec certains guides des temples d’Angkor pour proposer aux touristes une visite de leurs ruches et une séance de sensibilisation à la préservation des abeilles à travers le monde. Cette activité leur permettra également de pouvoir générer un revenu complémentaire à leurs activités quotidiennes, améliorant ainsi leurs conditions de vie actuelles.

« La visite des ruchers par les touristes sera très importante, car cela permettra à ces femmes de voir que ce qu’elles font intéresse des gens du monde entier, qu’elles ont des choses à apporter et que ce qu’elles maîtrisent maintenant, peu de gens savent le faire également. »

Angelina Jolie est notamment venue leur rendre visite récemment, sur leurs terrains, pour les encourager et constater les progrès. C’est une chance inouïe pour elles de s’affirmer et de prendre confiance en elles, au sein de leurs communautés.

C’est également l’occasion pour ces femmes de partager leurs connaissances aux jeunes et moins jeunes de l’Ecole du Bayon qui les entourent et d’aider ainsi les autres à s’élever autour d’elles.

Écrit par Pénélope Hubert, responsable de la communication à l’Ecole du Bayon.

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Lancé en 2018, le projet Potager avait pour objectif de former des mamans de l’école primaire à l’agriculture biologique. Grâce à des bénévoles, volontaires et membres du Bayon, ce sont une dizaine de femmes qui ont (ré)appris à cultiver leur jardin. Aubergines, courges, tomates, piment… Année après année, nos farmers gagnent en compétences et en autonomie. Elles ont vu leur production augmenter et leurs conditions de vie s’améliorer. Depuis le début du projet, le Bayon les aide à commercialiser leur production.

Cette année, afin de leur assurer un revenu supplémentaire et de mettre en avant leurs produits, nous avons lancé la vente de paniers de leurs légumes au Coffee Shop de l’école de pâtisserie du Bayon.

Une monoculture intensive

Selon la Banque mondiale, le secteur agricole du Cambodge contribue à hauteur de 22 % du produit intérieur brut. Le riz représente plus de la moitié des produits agricoles du Cambodge et fait du Cambodge l’un des 10 premiers exportateurs de riz au monde. A contrario, la production de fruits et légumes cambodgiens ne répond qu’à 30 % de la demande locale. Le reste est principalement importé de Thaïlande et du Vietnam.

Avec une population principalement rurale (76,6 % en 2018) et un tiers de ses habitants vivant avec moins d’1 $ par jour, le Cambodge fait face à des problèmes auxquels l’agriculture européenne a déjà été confrontée. La plupart des agriculteurs sont de petits exploitants qui cultivent moins de 2 hectares de terres par foyer.

Afin de répondre à une demande croissante et par manque de connaissance d’autres solutions, la plupart des légumes et fruits sont cultivés de manière intensive et grâce à de nombreux intrants chimiques. L’usage massif de ces pesticides combiné à la monoculture du riz, empêche la régénération des sols et entraîne une baisse des rendements des produits actuels. Le ministre de l’Agriculture, commence peu à peu à prendre en compte les enjeux de l’agriculture intensive au Cambodge, mais des solutions concrètes ne sont pas encore apportées.

La place de la femme en milieu rural

Dans les pays en développement, les femmes jouent un rôle majeur dans la gestion de leur foyer et de leur communauté afin d’apporter une sécurité alimentaire et d’améliorer les conditions de vie en général. Néanmoins, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés notamment en matière de droit humain et d’égalité de revenus. Elles ont un accès restreint à l’éducation et très peu d’indépendance, ce qui ne facilite pas leur évolution au sein de la société.

Les femmes en milieu rural représentent près de 43 % de la main-d’œuvre agricole. Malheureusement, ces femmes agricultrices sont considérées comme “des travailleuses familiales non rémunérées ou contributrices”. Elles ont donc une source de revenus bien moindre que celle des hommes ce qui ne leur permet pas d’accroître les rendements de leurs exploitations. Il est donc important de repenser ce système financier pour répondre aux besoins de ces femmes qui contribuent pleinement à la vie de leur foyer et leur permettre de s’émanciper davantage.

La création du projet Potagers à l’École du Bayon

À l’École du Bayon, la transmission des principes de l’agroécologie auprès des familles des enfants scolarisés au sein de notre école primaire, nous a semblé être une solution viable et efficace sur le long terme. C’est pourquoi, depuis février 2018, onze potagers ont été mis en place dans les jardins des familles que nous soutenons.

L’objectif initial de la création de ces potagers était de fournir la cantine d’Élodie (Cantine de l’école primaire accueillant 250 élèves au déjeuner) en légumes cultivés localement et sans pesticides, tout en permettant aux familles de dégager un revenu supplémentaire. Le Bayon a ensuite mis en place des distributions de légumes pour venir en aide aux familles pendant l’épidémie de Covid-19 et a organisé des partenariats avec des supermarchés comme le Farmer Market.

En 2021, 17,6 tonnes de légumes ont été vendues. Cela représente une augmentation de 35 % par rapport à l’année précédente. Cette production de légumes a généré 13 350 $ de revenus provenant principalement de la distribution de légumes mise en place pendant le Covid-19 (70 %), les cantines de l’école primaire et de la pâtisserie (20 %) et le Farmer Market à Siem Reap (10 %).

En août 2022, nous allons mettre fin à l’aide alimentaire, en espérant que la situation économique de nos familles se soit stabilisée. Il est donc nécessaire de trouver d’autres sources de revenus pour nos farmers.

Une solution parmi d’autres : La vente de paniers de légumes

Afin de diversifier les sources de revenus, nous avons donc mis en place le 5 avril 2022, la vente de panier de légumes des farmers au Coffee Shop de l’école.

 

Chaque semaine, le jeudi, nous ouvrons la prise de commande de panier en fonction des quantités produites par les farmers. Aubergines, haricots kilomètre, courgettes, citrouilles, citrons verts, piments, tomates, radis… Chaque semaine la composition des paniers change en fonction de la production. Le mardi nous recevons les légumes commandés au Coffee Shop et nos équipes répartissent les légumes dans les paniers. Les clients ont la possibilité de rajouter le pain frais de la semaine, préparé par notre chef. Ils viennent chercher leur panier au Coffee Shop ou peuvent se faire livrer directement chez eux.

 

La vente des paniers permet de mettre en place une réelle synergie entre les différents projets de notre école. En vendant les paniers, cela assure aussi une source de revenu supplémentaire et une visibilité au Coffee shop et permet donc de financer une partie de la formation en pâtisserie de nos étudiantes.

 

Les premières commandes ont été un réel succès. Les clients en redemandent et sont heureux de participer à notre projet, tout en achetant des produits bons pour leur santé. C’est une première phase vers un déploiement des ventes des légumes biologiques des farmers dans les supermarchés et restaurants de Siem Reap.

 

Alors n’attendez plus, réservez votre panier de légumes et parlez-en autour de vous !

 

Écrit par Morgane Boudoul, chargée de communication à l’Ecole du Bayon.

L’association Les Enfants d’Angkor Wat : quelle est sa mission ?

L’association Les Enfants d’Angkor Wat : quelle est sa mission ?

Créée en 2012 par Dominique Roussel, l’association Les Enfants d’Angkor Wat soutient Bayon Education & Development au Cambodge, permettant à notre organisation et nos équipes locales de développer plusieurs projets, principalement liés à la question de l’éducation générale. Dominique nous explique quelle est sa mission et les raisons de son engagement.

Qu’est-ce que les « Enfants d’Angkor Wat » ?

« Les Enfants d’Angkor Wat » est une Association Loi 1901 à but non lucratif, dont la finalité est, grâce à ses donateurs, d’aider à l’éducation, au sens large du terme, des enfants cambodgiens parmi les plus pauvres.

Nous intervenons dans les domaines de la scolarité, de la santé, de la formation professionnelle.

Notre objectif est donc d’aider ces enfants, dans des contextes familiaux souvent difficiles, à accéder de façon pérenne à l’école, à construire leur avenir, à acquérir des valeurs fondatrices pour ce qui sera leur vie.

Quelles sont les grandes lignes directrices de votre projet ?

 Nos actions sont guidées par 3 principes :

  • L’école est un lieu d’épanouissement …

Au-delà des apprentissages intellectuels et culturels classiques, nous souhaitons que l’école soit un lieu où l’enfant découvre ce qu’il a la « possibilité d’être » … et non « l’obligation d’être » que la misère familiale peut lui imposer. Il y découvre des droits et des devoirs mais explore aussi ses propres potentialités afin de pouvoir faire des choix éclairés pour son avenir.

  • La santé reste une préoccupation majeure

Même si les choses s’améliorent avec le temps, la santé est un domaine dans lequel il y a toujours à faire. La nutrition reste précaire pour beaucoup d’enfants et quand elle est chroniquement insuffisante ou déséquilibrée, elle génère différentes pathologies impactant la croissance de l’enfant. De plus des maladies non détectées à la naissance sont parfois identifiées ultérieurement. Nous facilitons l’accès aux soins et les prenons en charge financièrement car la santé est toujours un luxe pour les plus pauvres.

  • L’employabilité future des enfants est un investissement prioritaire

Construire l’avenir de ces enfants est notre raison d’être.

Dans nos projets nous investissons dans les domaines clés qui sont et seront des discriminants lors de leurs futures recherches d’emploi. Ainsi l’informatique, l’anglais et l’écologie sont des enjeux majeurs dans l’éducation des enfants, compte tenu de leur omniprésence dans la vie quotidienne et des critères de sélection dans les recrutements. Autant de formations auxquelles la pauvreté ne leur donnerait pas accès.

Quel besoin avez-vous identifié au Cambodge ?

Il ne faut pas oublier, en Asie, le pouvoir que les parents gardent tout au long de leur vie sur les enfants. Je pense qu’il faut toujours plus communiquer avec eux, leur expliquer ce que nous faisons, les valeurs qui nous animent et dont nous parlons aux élèves …

Sinon le risque est grand de faire fonctionner deux univers en parallèle, la famille et l’école, et que l’un ne soit pas le relais de l’autre …

Il faut donc être très inclusifs au niveau des parents : partager le projet pédagogique et les impliquer dans le suivi autant qu’ils le peuvent, afin que l’école ne soit pas uniquement un lieu qui leur évite d’avoir à nourrir les enfants ou de les garder pendant qu’ils travaillent. Les travailleurs sociaux cambodgiens et les volontaires font un travail extraordinaire en ce sens. Il faut continuer et amplifier afin d’éviter des déscolarisations ultérieures car l’enfant reste trop souvent une variable d’ajustement de l’économie familiale.

Quels sont les projets dans lesquels vous investissez ?

Chaque âge à ses besoins spécifiques, nous avons donc opté pour créer et mettre en place des projets pour chaque tranche d’âge, de la petite enfance à la formation professionnelle.

Avec Bayon Education & Development, ONG cambodgienne, avec qui nous avons signé un partenariat et qui suit localement ces projets, nous gérons une classe maternelle pour les enfants défavorisés de la région des temples d’Angkor, nous investissons dans des cours d’informatique et d’anglais ainsi que des soins dentaires pour des élèves de primaire. Nous avons également créé un foyer pour jeunes filles du collège et lycée dans le nord du pays afin d’éviter qu’elles ne quittent l’école et nous soutenons différents programmes de formation professionnelle dans l’hôtellerie, l’agroécologie et la pâtisserie.

Autant de projets de « cœur » motivés par l’éternel sourire de tous ces enfants …

Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

C’est en 1993 que l’école du Bayon a accueilli ses premiers élèves à l’école primaire. Pendant bientôt 20 ans d’existence, notre association s’est agrandie et diversifiée. Programme d’accompagnement des étudiants dans le secondaire, école de pâtisserie et de boulangerie, formation en agroécologie, développement d’activités rémunératrices pour les familles des élèves… Tout ça a pu prendre vie grâce au soutien précieux d’un groupe de personnes : nos parrains, marraines et sponsors.

Ils/elles n’étaient au commencement qu’ une petite vingtaine et ils forment désormais une communauté de plus de 450 personnes. L’école du Bayon, c’est une grande famille, dans laquelle chaque personne joue un rôle : des volontaires, à Thorth, notre directeur exécutif, jusqu’aux donateurs ponctuels. Les parrains et marraines jouent un rôle central dans ce magnifique tableau car au délà de donner vie à nos projets, ils les soutiennent sur le long terme. Comptables, artistes, professeurs des écoles, de Paris aux petits villages du Vaucluse en passant par Londres ou Singapour, autant de profils différents qui constituent la première force de nos projets. 

Notre gratitude est immense et remercier ces hommes et ces femmes est une priorité pour nous. Nos échanges réguliers avec eux nous permettent de maintenir des liens forts au fur et à mesure des années. Une présentation actualisée de nos projets 1 mois sur 2, une newsletter qui traite les sujets de fonds chaque trimestre, un lien direct avec les actualités du terrain sur les réseaux sociaux et par échange direct avec notre responsable de communication… nous mettons tout en œuvre pour les placer au cœur de nos projets. Authenticité et sincérité sont les maîtres mots de cette relation qui nous permet de fournir une éducation de qualité aux enfants vivants dans l’enceinte des temples d’Angkor.

En parrainant l’Ecole du Bayon, ils/elles ont décidé de soutenir une éducation de qualité, entièrement gratuite pour plus de 450 jeunes, qui prend en charge tous les besoins fondamentaux liés au bon développement des enfants/étudiants. Si une éducation de qualité est essentielle pour avancer dans la vie, il est au moins tout aussi important de favoriser le développement personnel aux travers d’activités ludiques, culturelles et sportives.  C’est pourquoi nous avons intégré diverses activités au sein même du cursus scolaire, de la pratique d’une activité physique à l’éveil culturel et artistique.

Vous aussi, prenez place dans cette magnifique toile de liens humains (participation à partir de 13€ par mois). Toutes les informations sur le parrainage et autres modes de soutien sur notre site  : https://ecoledubayon.opte.io/nous-soutenir/

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Thorth, Vantha, Rithy, Sakoth et Soky reviennent avec leurs mots sur ces deux dernières années et sur les enseignements qu’ils en ont tirés. Quels outils allons-nous garder par la suite ? Qu’avons nous appris ?

Résilience, solidarité et adaptabilité : autant de termes qui ont su guider leur travail et devenir le moteur de leur engagement.

Leçon #1 : apprendre à anticiper pour mieux appréhender

Si vous demandez à Thorth, directeur adjoint et exécutif de l’Ecole du Bayon au Cambodge, ce qu’il retient de l’année passée, ses premiers mots sont “imprévisible” et “stressant”. En effet, son objectif principal durant ces derniers mois a été de “s’assurer que nous serions capable de maintenir l’éducation de tous nos élèves à un niveau stable : nous avons dû considérer quelles étaient les actions essentielles sur lesquelles nous devions nous mobiliser et quelles sont celles que nous pouvions ralentir, pour être certains de répondre à cet objectif malgré la situation”. 

Il explique qu’il a fallu se concerter, débattre et prendre des décisions pour répondre à l’urgence, sans pour autant savoir comment la crise évoluerait : “cela m’a appris à davantage analyser et me questionner sur les enjeux futurs pour anticiper du mieux possible ce type de situations, bien qu’elles soient exceptionnelles”.

“Nous avons appris comment nous adapter rapidement et nous avons pu trouver une solution à chaque problème grâce à l’engagement de toute l’équipe. L’enjeu a été d’avancer jour après jour, et de penser nos actions à court-terme pour s’assurer une efficacité optimale.”

Thorth, directeur adjoint et exécutif.

Leçon #2 : mieux communiquer pour prendre conscience des besoins de chacun

La mise en place de cours en ligne au sein de nos formations et l’obligation de se déplacer dans les villages auprès de nos élèves de l’école primaire nous ont permis de nous rendre compte qu’il était essentiel d’être à l’écoute de chacun.
Nous avons pris conscience des besoins de chacun car nous étions avec eux quotidiennement, dans leurs villages et leur environnement. Nous avons pu discuter avec les parents, notamment ceux dont les enfants sont les plus en difficultés. Aujourd’hui, cela nous permet de retrouver les élèves à l’école en sachant quels sont ceux que nous devons suivre de manière plus rapprochée, et ce même si nous retrouvons un fonctionnement normal.”
Vantha, directeur de l'école primaire.

En ayant développé l’enseignement en ligne, via Zoom, Youtube et Telegram, nos étudiantes de l’école de pâtisserie ont pu utiliser ces différents canaux de communication pour être en contact permanent avec nos équipes et leurs camarades. Sokly, notre professeure de pâtisserie et Rithy, nouveau directeur de l’école de pâtisserie, n’ont donc jamais été déconnectés de la réalité de chacune, bien au contraire.

Chaque plateforme avait son utilité. Zoom a été le moyen de discuter ensemble des questions en lien avec les cours mais également l’espace où les étudiantes pouvaient échanger entre elles et s’entendre de vive voix. Youtube a permis aux élèves de réviser à leurs rythmes et de préparer leurs questions pour nos rencontres en ligne. Enfin, Telegram a été notre outil principal pour discuter de ce qui est moins formel, mais d’autant plus important en cette période : comment se sentent-elles, leurs émotions face à la crise et comment pouvons nous les aider. Cela nous a permis de garder le lien avec elles et de leur montrer que nous étions à leur écoute.

Rithy, directeur de l'école de pâtisserie.

Leçon #3 : privilégier le circuit court et local

Lorsque la ville de Siem Reap s’est fermée et que toutes les activités ont été suspendues, l’équipe du Projet Potagers s’est retrouvée face à un dilemme de taille : comment écouler les productions de légumes de nos farmers et éviter les pertes ? 

La plupart des farmers ne pouvaient plus se déplacer entre les villages tandis que les quantités de légumes ne cessaient de s’accroître. Elles n’avaient donc aucun moyen de vendre leurs légumes, et il a fallu trouver des solutions. Nous avons donc travaillé avec l’équipe sociale et celle du follow up pour distribuer ces légumes à nos familles. Nous avons décidé de racheter leurs légumes pour les redistribuer par la suite. Ainsi, elles étaient assurées d’avoir un revenu pour prendre soin de leurs familles, et nous assurions à nos bénéficiaires d’avoir de quoi se nourrir malgré la perte de leurs emplois.” nous présente Sakoth, manager du projet potager et de l’école d’agroécologie. Ce projet a renforcé le travail de nos farmers et leur a fait prendre conscience du rôle qu’elles jouent dans la chaîne d’entraide du Bayon. Elles sont de plus en plus motivées à apprendre et à s’investir davantage pour que cela profite à tous.” 

D’un point de vue plus global, l’arrêt du tourisme a eu un impact considérable sur nos activités et principalement celle du Coffee Shop. Pour Thorth, cela a été l’occasion de prendre conscience qu’il fallait repenser notre travail auprès de la population locale, pour ne pas se retrouver dépendants des touristes. “La fermeture du Coffee Shop n’a pas été facile à gérer puisque ce sont ces revenus qui financent notre formation en pâtisserie. Il a fallu trouver de nouvelles solutions. Aujourd’hui, nous avons pris conscience de la nécessité de développer des produits locaux pour que nous puissions avoir une clientèle locale et accroître notre visibilité à Siem Reap.

Sreyleak, gérante du Coffee Shop.

Leçon #4 : mieux travailler en équipe pour plus d’efficacité

L’équipe sociale, en relation permanente avec nos étudiants et leurs familles, est au cœur de nos actions depuis de nombreux mois. Leur travail a été essentiel pour effectuer un suivi de nos familles et répondre efficacement à l’urgence. Soky, responsable de l’équipe sociale, se dit aujourd’hui fière du travail accompli par ses collègues.

Nous avons dû travailler main dans la main et cela n’a pas été toujours facile. Il a fallu penser nos actions en tant qu’équipe, pour se diviser les tâches. Nous nous sommes rendus compte de ce que nous devions faire et préparer pour être plus efficace sur le terrain. Je suis vraiment fière de notre travail ; nous avons été très occupés et il a fallu travailler dur mais nous n’avons jamais cessé d’agir en pensant aux familles et aux enfants.”

Soky, responsable sociale.

Au-delà de l’équipe de l’Ecole du Bayon, il a également fallu travailler avec les autorités locales, puisqu’il était difficile de se déplacer. “Nous avons travaillé conjointement avec les chefs des villages et des communes. Ils ont souvent fait le relai entre nos bénéficiaires et nos équipes, ce qui nous permettait de garder un lien, même lorsque nous ne pouvions circuler entre les zones.” explique Thorth.

Nous retenons de cette période la puissance d’un travail en équipe : nous pouvons nous aider les uns des autres pour ainsi aider ceux qui sont le plus dans le besoin. Grâce à tous ces enseignements, l’équipe est aujourd’hui d’autant plus soudée.