Ronouch, coordinatrice du programme Social et Santé : un rôle clé auprès de nos bénéficiaires

Ronouch, coordinatrice du programme Social et Santé : un rôle clé auprès de nos bénéficiaires

Ronouch est la nouvelle coordinatrice du programme social et de la santé à l’école primaire. Elle nous raconte son quotidien et les actions qu’elle mène tout au long de l’année et notamment la visite annuelle des familles.

Quelles sont les principales actions que tu mets en œuvre à l’école primaire ?

Distribution Kits d'Hygiènes Ecole primaire

À l’école primaire, je m’occupe de plein de choses différentes. Je participe notamment aux conseils de classe qui ont lieu chaque trimestre pour faire le point sur les besoins de chaque élève et les résultats des évaluations. Je m’occupe aussi du suivi de santé et d’hygiène de chacun (Gestion du budget annuel pour l’achat des kits d’hygiène, gestion de la distribution des kits, travailler avec les cliniques et hôpitaux partenaires, faciliter et organiser le séjour des enfants qui se font soigner en dehors de la province de Siem Reap).

Je soutiens et stimule la bonne fréquentation scolaire des élèves en effectuant un contrôle régulier des absences et je les encourage dans leur apprentissage en essayant de trouver une solution plus professionnalisante si l’élève ne veut plus venir à l’école.

Mon rôle est également de superviser et de coordonner le recrutement des élèves de l’école primaire du Bayon (collecter les candidatures, sélectionner les élèves), d’assurer la visite annuelle des familles (créer un planning de visite au domicile des familles, remplir la base de données, assurer un compte-rendu avec l’équipe de l’école primaire), d’engager les familles dans le processus de scolarisation de leur enfant par le biais de réunions, d’ateliers et de soutien alimentaire ou médicamenteux lorsqu’elles en ont besoin.

Peux-tu expliquer en quoi consiste la visite annuelle des familles qui a lieu chaque année ?

Nous réalisons la visite des familles une fois par an. Au cours de l’année académique 2021-2022, nous avons 253 élèves et 184 familles qui ont en moyenne 2 enfants dans notre programme. L’objectif de cette visite est d’en savoir plus sur la situation familiale de nos bénéficiaires et sur son évolution afin de déterminer leur niveau social pour la nouvelle année scolaire. A la fin de toutes les visites, une réunion avec toute l’équipe est organisée pour présenter la situation sociale de chaque famille et ainsi établir un niveau social.

Quelles sont les questions posées pour déterminer ce niveau social ?

Nous avons 6 catégories de questions à poser à chaque famille pour pouvoir analyser au mieux quel va être leur niveau social.

Tout d’abord, nous leur posons des questions sur la famille, combien y’a-t-il de membre dans la famille actuellement, y-a-t-il eu des naissances ou des décès ? Ont-ils un emploi actuellement et si oui, quel est-il ? Les membres de la famille sont-ils en bonne santé ?

Ensuite, viennent les questions concernant le logement et leurs différents biens, pour savoir avec quels types de matériaux sont construites leurs maisons ? Comment est leur installation sanitaire ? Comment ont-ils accès à l’eau ? Ont-ils accès à l’électricité ? Est-ce qu’ils ont leur propre champ ou terrain à côté de leur habitation et quel est le prix ? Quelle est la taille de leur maison et du terrain ? Combien ont-ils de motos ? Ont-ils des animaux ? Possèdent-ils une voiture, un tracteur ou tout autre véhicule ?

Enfin, viennent les questions concernant les revenus et les dépenses. Nous cherchons à établir une moyenne de leurs biens matériels et financiers qui nous permettent, à la fin de la visite, de faire correspondre ces réponses à nos critères et donc d’évaluer leur niveau de vie actuel.

Comment se déroule chaque visite ?

Ronouch en visite chez une famille

Tout d’abord, nous devons établir un planning des visites annuelles avec la date et l’heure. Nous essayons toujours de regrouper les visites des familles qui habitent dans le même village. Trois à quatre visites sont prévues par demi-journée et nous nous rendons au sein de chaque domicile de chaque famille. Après avoir terminé la visite des familles, nous présentons les résultats lors d’une réunion d’évaluation pour discuter du niveau social de chaque famille et informer chaque membre de l’équipe de la situation de chacune d’entre elles.

Qu’est ce qui est le plus challengeant lors de ces visites ?

Comme les familles sont toutes éparpillées dans des villages autour des temples d’Angkor, il est parfois difficile de se souvenir de l’endroit où vivent nos 184 bénéficiaires tout en sachant qu’elles n’ont pas d’adresses postales. La région des temples est une immense forêt dont le terrain n’est pas toujours simple à maîtriser. Il faut donc du temps pour mieux les connaître et toujours les prévenir de notre visite en amont.

Quels sont les moyens par lesquels les familles peuvent te contacter pour signaler une situation compliquée ?

Lors de ma prise de fonction en tant que coordinatrice du programme social et de la santé à l’école primaire, je me suis présentée auprès de chaque famille et je leur ai donné un numéro pour me contacter à tout moment. Si je ne suis pas joignable, la famille peut toujours joindre l’équipe de l’école primaire qui me transmettra l’information.

Une amélioration notable de l’hygiène, de la santé et de l’alimentation des élèves.

Une amélioration notable de l’hygiène, de la santé et de l’alimentation des élèves.

Jean-Pierre et Michèle, nos médecins référents, reviennent sur leurs 4 derniers mois passés à l’Ecole du Bayon, après 2 longues années marquées par le passage du Covid. Comment vont les enfants et quels sont les projets en cours ? 

Comme chaque année nous venons plusieurs mois pour assurer la prise en charge médicale de nos élèves. Nous nous attendions à mesurer les répercussions de la crise Covid qui a entraîné la perte d’emploi pour la majorité des parents.

Tel n’a pas été le cas. Nous avons pu constater une croissance régulière de tous les enfants et aucun signe de dénutrition.

Ce bon résultat provient de l’aide alimentaire que l’école du Bayon a apporté dès l’apparition du Covid aux familles qui n’avaient plus aucun revenu. Elle a consisté en l’apport mensuel de riz et d’aliments divers (œufs, nouilles, huile, sel,…) et hebdomadaires de légumes grâce à l’achat d’une partie de la production de nos « farmers ». Cette aide, toujours en cours, a pu s’inscrire dans la durée grâce à un appel à don.

Une meilleure hygiène

Lors de l’examen annuel, il a été constaté une diminution des lésions dentaires. Ce bon résultat provient des soins réguliers qui ont pu être mis en place grâce à l’aide d’un dentiste qui soigne nos élèves depuis plusieurs années à des tarifs très avantageux. Le brossage des dents auquel nous veillons après le déjeuner a contribué également à ces bons résultats mais des progrès restent à faire en impliquant les enseignants, travailleurs sociaux et infirmier.

Des douches ont également été installées pour permettre à des enfants qui arrivent sales à l’école de se laver et revêtir un uniforme propre. Cela permet de les sensibiliser à une meilleure hygiène et une diminution des infections cutanées qui étaient nombreuses depuis plusieurs années.

Sensibiliser les enfants n’est pas suffisant. Encore faut-il faire adhérer les parents. Nous avions prévu de réaliser des ateliers hygiène santé avec les parents. Malheureusement les règles sanitaires gouvernementales liées à l’épidémie de Covid ne nous ont pas permis de les mettre en œuvre, l’accès à l’école aux parents et les grands rassemblements étant interdits.

Un accès à l’eau pour tous

Lors de la grande enquête médicale qui nous avait permis de visiter 160 familles en 2019, nous avions pu constater que de nombreuses familles n’avaient pas accès à l’eau potable, ce qui entraînait des troubles digestifs. Nombre d’entre elles consommait directement l’eau du forage sans la faire bouillir, d’autres achetaient de l’eau purifiée, ce qui représentait un coût non négligeable pour elles.

Nous avons donc décidé d’attribuer un filtre à sable, en priorité aux familles les plus pauvres. Ils ont été fournis par Water for Cambodia, une ONG financée principalement par le Rotary Club. Une participation modique a été demandée afin que chacun s’approprie son filtre. En 2021, nous en avons installé 29 et en 2022, 33 sont prévus. Avant l’installation des filtres à sable, les familles sont réunies afin de leur expliquer le fonctionnement. En cas de problème, une maintenance gratuite est assurée par Water for Cambodia. De plus, notre équipe sociale, au cours de ses visites régulières, vérifie l’utilisation et le bon fonctionnement.

Afin d’améliorer l’hygiène nous avons procédé à l’installation de toilettes individuelles avec la même ONG. En 2021 9 latrines ont été installées, en 2022, 14 sont prévues ou en cours d’installation. Les habitations se trouvant sur des sites archéologiques proches d’Angkor Wat, nous devons obtenir des autorisations d’installation, parfois au bout de démarches longues et difficiles.

 

Des interventions médicales d’urgence

L’infirmerie de l’école permet la réalisation des examens médicaux et les soins quotidiens (plaies, infections cutanées, traumatismes divers,…). Pour des cas plus graves, nous avons la chance d’avoir à proximité 2 hôpitaux pédiatriques de très bons niveaux entièrement gratuits.

Afin de permettre la prise en charge de pathologies graves parmi nos familles ou des élèves de plus de 15 ans, un fond médical spécial a été mis en place depuis 3 ans.

Nous avons pu ainsi prendre en charge une étudiante de l’école de pâtisserie qui présentait des séquelles de fracture du tibia mal consolidée qui aurait entraîné rapidement une arthrose du genou. Elle a pu être opérée à Phnom Penh et retrouver une marche normale lui permettant ainsi de travailler.

Il y a plus d’un an, un de nos élèves a présenté une occlusion intestinale qui n’a pu être prise en charge à l’hôpital pédiatrique, en raison de son âge. Une double intervention a été nécessaire et ce jeune adolescent s’est retrouvé avec une poche de colostomie. Aucun chirurgien à Siem Reap n’avait de solution autre qu’un anus iliaque définitif. Heureusement, nous avons pu trouver à Phnom Penh un chirurgien capable de réaliser une intervention difficile, lui permettant de retrouver une vie normale. Actuellement tout va bien et ce jeune garçon a pu retrouver entrain et sourire !

Arrivés à la fin de notre mission de 4 mois, nous avons pu réaliser l’examen de 430 élèves (école primaire, écoles secondaires et formation professionnelle). Les soins dentaires, ophtalmologiques et ORL nécessaires sont en cours et gérés par notre infirmier et nos assistantes sociales. L’existence d’une base de données médicales où sont stockés les résultats des examens et les soins réalisés nous permet de suivre depuis la France le déroulement du programme santé en attendant notre retour prévu en novembre prochain.

Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

Parrainer l’Ecole du Bayon – Pourquoi ?

C’est en 1993 que l’école du Bayon a accueilli ses premiers élèves à l’école primaire. Pendant bientôt 20 ans d’existence, notre association s’est agrandie et diversifiée. Programme d’accompagnement des étudiants dans le secondaire, école de pâtisserie et de boulangerie, formation en agroécologie, développement d’activités rémunératrices pour les familles des élèves… Tout ça a pu prendre vie grâce au soutien précieux d’un groupe de personnes : nos parrains, marraines et sponsors.

Ils/elles n’étaient au commencement qu’ une petite vingtaine et ils forment désormais une communauté de plus de 450 personnes. L’école du Bayon, c’est une grande famille, dans laquelle chaque personne joue un rôle : des volontaires, à Thorth, notre directeur exécutif, jusqu’aux donateurs ponctuels. Les parrains et marraines jouent un rôle central dans ce magnifique tableau car au délà de donner vie à nos projets, ils les soutiennent sur le long terme. Comptables, artistes, professeurs des écoles, de Paris aux petits villages du Vaucluse en passant par Londres ou Singapour, autant de profils différents qui constituent la première force de nos projets. 

Notre gratitude est immense et remercier ces hommes et ces femmes est une priorité pour nous. Nos échanges réguliers avec eux nous permettent de maintenir des liens forts au fur et à mesure des années. Une présentation actualisée de nos projets 1 mois sur 2, une newsletter qui traite les sujets de fonds chaque trimestre, un lien direct avec les actualités du terrain sur les réseaux sociaux et par échange direct avec notre responsable de communication… nous mettons tout en œuvre pour les placer au cœur de nos projets. Authenticité et sincérité sont les maîtres mots de cette relation qui nous permet de fournir une éducation de qualité aux enfants vivants dans l’enceinte des temples d’Angkor.

En parrainant l’Ecole du Bayon, ils/elles ont décidé de soutenir une éducation de qualité, entièrement gratuite pour plus de 450 jeunes, qui prend en charge tous les besoins fondamentaux liés au bon développement des enfants/étudiants. Si une éducation de qualité est essentielle pour avancer dans la vie, il est au moins tout aussi important de favoriser le développement personnel aux travers d’activités ludiques, culturelles et sportives.  C’est pourquoi nous avons intégré diverses activités au sein même du cursus scolaire, de la pratique d’une activité physique à l’éveil culturel et artistique.

Vous aussi, prenez place dans cette magnifique toile de liens humains (participation à partir de 13€ par mois). Toutes les informations sur le parrainage et autres modes de soutien sur notre site  : https://www.ecoledubayon.org/nous-soutenir/

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Quatre leçons à retenir de cette année exceptionnelle

Thorth, Vantha, Rithy, Sakoth et Soky reviennent avec leurs mots sur ces deux dernières années et sur les enseignements qu’ils en ont tirés. Quels outils allons-nous garder par la suite ? Qu’avons nous appris ?

Résilience, solidarité et adaptabilité : autant de termes qui ont su guider leur travail et devenir le moteur de leur engagement.

Leçon #1 : apprendre à anticiper pour mieux appréhender

Si vous demandez à Thorth, directeur adjoint et exécutif de l’Ecole du Bayon au Cambodge, ce qu’il retient de l’année passée, ses premiers mots sont “imprévisible” et “stressant”. En effet, son objectif principal durant ces derniers mois a été de “s’assurer que nous serions capable de maintenir l’éducation de tous nos élèves à un niveau stable : nous avons dû considérer quelles étaient les actions essentielles sur lesquelles nous devions nous mobiliser et quelles sont celles que nous pouvions ralentir, pour être certains de répondre à cet objectif malgré la situation”. 

Il explique qu’il a fallu se concerter, débattre et prendre des décisions pour répondre à l’urgence, sans pour autant savoir comment la crise évoluerait : “cela m’a appris à davantage analyser et me questionner sur les enjeux futurs pour anticiper du mieux possible ce type de situations, bien qu’elles soient exceptionnelles”.

“Nous avons appris comment nous adapter rapidement et nous avons pu trouver une solution à chaque problème grâce à l’engagement de toute l’équipe. L’enjeu a été d’avancer jour après jour, et de penser nos actions à court-terme pour s’assurer une efficacité optimale.”

Thorth, directeur adjoint et exécutif.

Leçon #2 : mieux communiquer pour prendre conscience des besoins de chacun

La mise en place de cours en ligne au sein de nos formations et l’obligation de se déplacer dans les villages auprès de nos élèves de l’école primaire nous ont permis de nous rendre compte qu’il était essentiel d’être à l’écoute de chacun.
Nous avons pris conscience des besoins de chacun car nous étions avec eux quotidiennement, dans leurs villages et leur environnement. Nous avons pu discuter avec les parents, notamment ceux dont les enfants sont les plus en difficultés. Aujourd’hui, cela nous permet de retrouver les élèves à l’école en sachant quels sont ceux que nous devons suivre de manière plus rapprochée, et ce même si nous retrouvons un fonctionnement normal.”
Vantha, directeur de l'école primaire.

En ayant développé l’enseignement en ligne, via Zoom, Youtube et Telegram, nos étudiantes de l’école de pâtisserie ont pu utiliser ces différents canaux de communication pour être en contact permanent avec nos équipes et leurs camarades. Sokly, notre professeure de pâtisserie et Rithy, nouveau directeur de l’école de pâtisserie, n’ont donc jamais été déconnectés de la réalité de chacune, bien au contraire.

Chaque plateforme avait son utilité. Zoom a été le moyen de discuter ensemble des questions en lien avec les cours mais également l’espace où les étudiantes pouvaient échanger entre elles et s’entendre de vive voix. Youtube a permis aux élèves de réviser à leurs rythmes et de préparer leurs questions pour nos rencontres en ligne. Enfin, Telegram a été notre outil principal pour discuter de ce qui est moins formel, mais d’autant plus important en cette période : comment se sentent-elles, leurs émotions face à la crise et comment pouvons nous les aider. Cela nous a permis de garder le lien avec elles et de leur montrer que nous étions à leur écoute.

Rithy, directeur de l'école de pâtisserie.

Leçon #3 : privilégier le circuit court et local

Lorsque la ville de Siem Reap s’est fermée et que toutes les activités ont été suspendues, l’équipe du Projet Potagers s’est retrouvée face à un dilemme de taille : comment écouler les productions de légumes de nos farmers et éviter les pertes ? 

La plupart des farmers ne pouvaient plus se déplacer entre les villages tandis que les quantités de légumes ne cessaient de s’accroître. Elles n’avaient donc aucun moyen de vendre leurs légumes, et il a fallu trouver des solutions. Nous avons donc travaillé avec l’équipe sociale et celle du follow up pour distribuer ces légumes à nos familles. Nous avons décidé de racheter leurs légumes pour les redistribuer par la suite. Ainsi, elles étaient assurées d’avoir un revenu pour prendre soin de leurs familles, et nous assurions à nos bénéficiaires d’avoir de quoi se nourrir malgré la perte de leurs emplois.” nous présente Sakoth, manager du projet potager et de l’école d’agroécologie. Ce projet a renforcé le travail de nos farmers et leur a fait prendre conscience du rôle qu’elles jouent dans la chaîne d’entraide du Bayon. Elles sont de plus en plus motivées à apprendre et à s’investir davantage pour que cela profite à tous.” 

D’un point de vue plus global, l’arrêt du tourisme a eu un impact considérable sur nos activités et principalement celle du Coffee Shop. Pour Thorth, cela a été l’occasion de prendre conscience qu’il fallait repenser notre travail auprès de la population locale, pour ne pas se retrouver dépendants des touristes. “La fermeture du Coffee Shop n’a pas été facile à gérer puisque ce sont ces revenus qui financent notre formation en pâtisserie. Il a fallu trouver de nouvelles solutions. Aujourd’hui, nous avons pris conscience de la nécessité de développer des produits locaux pour que nous puissions avoir une clientèle locale et accroître notre visibilité à Siem Reap.

Sreyleak, gérante du Coffee Shop.

Leçon #4 : mieux travailler en équipe pour plus d’efficacité

L’équipe sociale, en relation permanente avec nos étudiants et leurs familles, est au cœur de nos actions depuis de nombreux mois. Leur travail a été essentiel pour effectuer un suivi de nos familles et répondre efficacement à l’urgence. Soky, responsable de l’équipe sociale, se dit aujourd’hui fière du travail accompli par ses collègues.

Nous avons dû travailler main dans la main et cela n’a pas été toujours facile. Il a fallu penser nos actions en tant qu’équipe, pour se diviser les tâches. Nous nous sommes rendus compte de ce que nous devions faire et préparer pour être plus efficace sur le terrain. Je suis vraiment fière de notre travail ; nous avons été très occupés et il a fallu travailler dur mais nous n’avons jamais cessé d’agir en pensant aux familles et aux enfants.”

Soky, responsable sociale.

Au-delà de l’équipe de l’Ecole du Bayon, il a également fallu travailler avec les autorités locales, puisqu’il était difficile de se déplacer. “Nous avons travaillé conjointement avec les chefs des villages et des communes. Ils ont souvent fait le relai entre nos bénéficiaires et nos équipes, ce qui nous permettait de garder un lien, même lorsque nous ne pouvions circuler entre les zones.” explique Thorth.

Nous retenons de cette période la puissance d’un travail en équipe : nous pouvons nous aider les uns des autres pour ainsi aider ceux qui sont le plus dans le besoin. Grâce à tous ces enseignements, l’équipe est aujourd’hui d’autant plus soudée. 

Des paniers d’urgence pour faire face à une crise qui s’intensifie

Des paniers d’urgence pour faire face à une crise qui s’intensifie

Pour atténuer les effets de la crise sur nos bénéficiaires, nous avions mis en place dès mars 2020 des distributions hebdomadaires de nourriture. Le Bayon s’était ainsi mobilisé pour racheter une partie de la production de légumes cultivés par les farmes que nous accompagnons dans le cadre du programme Green Farming, afin de les redistribuer gratuitement, chaque semaine, aux familles de nos bénéficiaires. Cette initiative représentait pas moins 300 kg de légumes par semaine et permettait à ces femmes qui travaillent ardemment de continuer à générer un revenu tout en fournissant une nourriture variée aux familles. Pour celles qui avaient vu leurs conditions de vie se dégrader sévèrement à cause de la crise, des distributions bi-mensuelles de riz, dont la quantité est déterminée en fonction du nombre de personnes composant le foyer, étaient également effectuées en complément.

Aujourd’hui, face à une situation qui persiste et s’aggrave chaque jour, cette aide ne suffit plus à assurer une alimentation décente à la plupart des familles que nous soutenons. C’est pourquoi nous avons décidé de renforcer les distributions de légumes, étendre celle de riz à tous nos bénéficiaires et proposer également des compléments alimentaires sous forme de paniers repas d’urgence. A minima, cette initiative sera maintenue jusqu’à la réouverture des écoles afin de soulager les familles qui doivent désormais prendre à leur charge ces repas supplémentaires.  Elle permettra également de s’assurer que les enfants disposent toujours des ressources nécessaires à leur bon développement.

 

Parce qu’une alimentation saine et un soutien des familles sont des facteurs clefs dans la réussite scolaire de l’enfant, nous nous efforcerons toujours de leur donner les moyens de se nourrir et vivre dignement.

L’Ecole du Bayon, de l’expérience à l’apprentissage

L’Ecole du Bayon, de l’expérience à l’apprentissage

Témoignage de Romain, chargé de projet santé et social depuis plus d’un an et demi à l’Ecole du Bayon, et dont l’aventure se termine aujourd’hui. Il revient sur son parcours et son expérience ici au Cambodge.

Après plus d’un an et demi à l’Ecole du Bayon, il est venu pour moi le moment de clore ce chapitre et d’entamer une nouvelle page, avec d’autres projets en France.

C’est avec le cœur lourd que j’écris ces quelques lignes sur mon expérience. Et avec tristesse que je quitterai ce beau pays ! D’abord, parce que je ne reverrai pas les écoles ouvertes. Ces enfants, courant, jouant, criant, riant, en un mot heureux d’être à l’école. Ces jeunes femmes, à la conquête d’une vie meilleure, partageant des moments de complicité malgré la barrière de la langue. Des souvenirs joyeux, qui remontent déjà à plusieurs mois, mais que je chérirai pour longtemps. Ensuite, parce que les Cambodgiens, qui ont tant souffert dans un passé pas si lointain et affrontent une nouvelle crise d’ampleur m’ont beaucoup appris sur la vie, la joie, la tristesse, etc. Avec un sourire toujours accroché sur leurs visages, ils traversent les épreuves là où beaucoup auraient déjà flanché. Grâce à eux, c’est avec un œil neuf et une pensée différente que j’aborde le futur !

J’ai eu la chance, grâce à la souplesse du Bayon, de naviguer à travers les programmes, d’abord par la réalisation d’un diagnostic du projet Santé et l’accompagnement des activités sportives et artistiques à l’école primaire, ensuite comme « facilitateur » auprès de l’équipe sociale et par la mise en place de la base de données médico-socio-éducatives, et enfin en charge du projet de coopération entre BED et PSE Siem Reap. J’ai pris plaisir à travailler avec chacun ; tous ces collègues plus impliqués les uns que les autres et qui font vivre cette belle histoire qu’est le Bayon.

Attention, tout n’a pas été facile. Nouvelle culture, nouvelles façons de travailler ; loin des mentalités françaises et de ma première expérience professionnelle. Il faut donc s’adapter, mais qu’est-ce qu’on en ressort grandi. Quel plaisir ensuite de voir se réaliser les projets pensés et mis en place main dans la main avec les Cambodgiens !

Ensuite est arrivé le COVID-19, tout a été perturbé ; les plans à 3 ans tombent à l’eau, les projets sont chamboulés, les priorités changent, les actions doivent être réadaptées quotidiennement. Les équipes éducatives se sont employées à expérimenter et innover pour trouver toutes les solutions possibles afin de limiter le retard scolaire engendré par les fermetures d’école. L’équipe sociale et santé s’est démenée pour apporter l’aide nécessaire aux familles, ici en riz, là en légumes avec l’aide de l’équipe green farming, ailleurs en soutien médical, etc. Pour cela, nous pouvons leur tirer un grand coup de chapeau. Malgré une situation qui s’améliore nettement en France, avec des restrictions qui disparaissent les unes après les autres, n’oublions pas que ce virus continue de faire des dommages dans d’autres régions du monde, parmi les plus pauvres malheureusement. Ici, malgré le faible nombre de cas et de décès pour le moment, l’éducation d’une génération est sacrifiée… Les inégalités, déjà criantes, vont s’accroitre. Le futur s’annonce complexe. Plus que jamais, le rôle de l’Ecole du Bayon sera indispensable.

Mais dans chaque crise, il y a des opportunités à saisir. Pour Siem Reap, qu’un nouveau modèle touristique s’impose et bénéficie au plus grand nombre. Pour le Bayon, que cette période extrêmement difficile ait rendu notre modèle plus résilient et nos équipes plus soudées, au profit des bénéficiaires.

Malgré la tristesse du départ et l’appréhension du retour en France, c’est avec fierté que je mesure le chemin parcouru. Fierté d’avoir mis à profit mes compétences pour les plus défavorisés ! Fierté d’avoir réussi à m’intégrer dans cet environnement multiculturel ! Fierté d’avoir contribué à tous ces beaux projets !

Pour conclure, en premier lieu, je souhaite le meilleur à tous les élèves présents et futurs du Bayon, qu’ils soient à l’école primaire ou dans le programme Follow-up ; qu’ils soient à l’université ou en formation professionnelle. Je sais qu’ils seront encadrés au mieux par l’équipe pour leur permettre d’atteindre leurs rêves.

Enfin, je remercie tous mes collègues, membres de la famille Bayon ici au Cambodge, pour leur accueil chaleureux et leur générosité. Je ne vous oublierai pas, et je continuerai de suivre vos nombreuses réussites de loin !