La place de l’art dans l’éducation: un élément indispensable ?

La place de l’art dans l’éducation: un élément indispensable ?

À l’École du Bayon, nous sommes convaincus que l’accès à une éducation de qualité passe également par la pratique d’activités extra-scolaires, faisant partie intégrante de l’éveil et du développement de l’enfant.

C’est pourquoi, nous offrons aux élèves de l’école primaire une ouverture sur les arts et la culture dès le grade 1, auxquels ils n’ont pas accès via leurs familles : cours d’arts plastiques, cours de danse et de marionnettes traditionnelles, sorties culturelles. 3 heures par semaine sont dédiées à la pratique d’une activité physique ainsi qu’à l’éveil culturel et artistique.

Des jeux éducatifs et des livres sont également mis à leur disposition à la bibliothèque pour leur donner le goût de la lecture.

Pourquoi est-il important d’encourager l’enseignement de l’art à l’école ?

Théâtre d'ombres à l'école primaire

La présence d’activités artistiques à l’école stimule l’engagement de l’élève dans sa réussite scolaire, accroît son implication et sa motivation en classe et c’est également un élément important de développement du sentiment d’appartenance à son milieu. De plus, l’art permet aux élèves les plus en difficultés, d’obtenir davantage d’autonomie, de pouvoir s’exprimer librement et de découvrir de nouvelles compétences.

L’art sous toutes ses formes, offre ainsi la possibilité aux élèves d’exprimer leur créativité et d’apprendre à travailler en équipe tout en s’amusant.

L’arrivée du programme Art Culture et Sport à l’ École du Bayon

Débuté en 2018, le programme Art, Culture & Sport vise à renforcer la créativité, la confiance en soi et la capacité de réflexion personnelle des élèves de l’école du Bayon.

Des sorties scolaires sont également organisées pour permettre aux élèves de visiter des lieux qu’ils n’auraient jamais eu l’occasion de découvrir dans un cadre familial. C’est une opportunité pour eux d’enrichir leur connaissance et d’apprendre différemment.

Enfin, des cours de sport sont dispensés chaque semaine pour développer des aptitudes qui ne sont pas enseignées dans les autres cours.

À travers ce programme, l’école souhaite éveiller la curiosité des élèves et enrichir leur culture personnelle, valoriser et reconnaître la culture khmère et encourager les valeurs de respect de soi-même et des autres.

Enfants de l'école primaire qui jouent au foot
Danse APSARA à l'école primaire
Enfants de l'école primaire à la ferme aux papillons

Afin de valoriser les symboles de la culture khmère, l’école du Bayon a mis en place des cours de musique, danse et marionnettes traditionnelles khmères.

Le Cambodge est le berceau d’une des cultures les plus riches du Sud-Est asiatique. Les arts cambodgiens tels que la musique, la danse, le théâtre remontent à des temps très anciens et notamment pendant la période de l’empire Khmer (802 – 1431) sous l’influence de l’hindouisme et du bouddhisme.

Cependant, pendant la période Khmer Rouge, toute forme d’art a disparu du fait de la brutalité de ce régime communiste qui interdisait la pratique d’activités.

L’art cambodgien doit donc fleurir à nouveau et l’école du Bayon participe à la transmission de ces symboles importants de la culture grâce à des cours d’instruments khmer, des cours de danse APSARA et des cours de théâtre d’ombres khmer.

Enfants de l'école primaire qui jouent de la musique

Au Cambodge, la musique rythme les cérémonies, fêtes ou rites à l’aide d’instruments traditionnels. Notre professeur de musique Phlong Poeun apprend à nos élèves à jouer de ces divers instruments khmers comme le Tro Saun, une vièle verticale à deux cordes au corps en bois dur, le Takhe ou Krapeur, une cithare posée sur le sol à frettes et à 3 cordes en forme de crocodile ou encore des percussions.

L’art incontournable de la culture khmère, sont les danses traditionnelles Apsara. Autrefois exclusivement réservées aux rois et à leurs cours, ces danses envoûtantes trouvent leur origine du côté de l’Inde. Les apsaras seraient des nymphes issues du barattage de l’océan de lait qui est à l’origine de l’univers, selon la religion hindouiste. Cet art est enseigné à l’école primaire, aussi bien aux filles qu’aux garçons, grâce à nos deux professeurs San Theany et Run Marin.

Danse APSARA à l'école primaire
Théâtre d'ombres à l'école primaire

Le théâtre d’ombres au Cambodge, « Sbek Thom » en Khmer, est inscrit, depuis 2008, à l’UNESCO comme patrimoine immatériel de l’humanité. Il met en scène des marionnettes plus ou moins grandes (pouvant mesurer jusqu’à deux mètres de haut), fabriquées en cuir de vache ciselé. Considéré comme un art sacré durant la période angkorienne, les représentations de marionnettes n’étaient à l’époque données que lors d’événements célèbres (nouvel an Khmer, anniversaire du roi et vénération des personnages illustres). Aujourd’hui, le Skeb Thom a dépassé ce cadre purement rituel pour devenir un symbole à part entière de la culture artistique khmère. A l’Ecole du Bayon, notre professeur Keo Kea est en charge de  faire perdurer cette tradition auprès des enfants.

Notre objectif est ambitieux : donner une représentation de tous ces enseignements artistiques à la fin de l’année scolaire.

Un laboratoire de transformation alimentaire pour notre école d’agroécologie

Un laboratoire de transformation alimentaire pour notre école d’agroécologie

Restaurants Sans Frontières, association fondée en 2007 a pour but de favoriser une alimentation saine, dans de bonnes conditions, au sein d’écoles, d’orphelinats et centres de formation dépourvus de cuisine ou de réfectoires salubres. Leur mission est de donner à ces organisations les moyens nécessaires à la construction et l’entretien de ces structures, via le financement de projets tels que la création et la rénovation de cantines et réfectoires scolaires.

Madagascar, Haïti, Vietnam, Laos, Maroc, Restaurants Sans Frontières soutient de nombreux projets à travers le monde et notamment au Cambodge, où l’association a décidé de nous accompagner sur la rénovation de notre laboratoire de transformation alimentaire.

La présence d’un laboratoire de transformation alimentaire nous a semblé indispensable au sein de notre école d’agroécologie ouverte en 2020. En effet, l’une des bases de l’agroécologie est la diversification des espèces cultivées. Cette diversification qui intègre la culture de fruits et de légumes mais aussi d’herbes, de plantes et de fleurs est vue comme une clef pour sécuriser les revenus des agriculteurs. Et c’est cette diversité qui permet également de créer différents produits transformés.

Ainsi, pour que notre formation en agroécologie combine à la fois des cours théoriques et pratiques, la création de ce laboratoire permet à nos professeurs de réaliser des cours applicatifs sur les techniques de transformation simples et adaptées aux ressources et moyens du Cambodge.

Sur le long-terme, l’objectif de ce projet est d’assurer la pérennité de notre formation, au même titre que notre Coffee Shop de l’école de pâtisserie, qui finance aujourd’hui 50% des frais liés à cette formation. Depuis toujours, l’un de nos principaux objectifs est de parvenir à un auto-financement partiel de nos écoles :  les revenus ainsi dégagés permettront d’être directement réinjectés dans le financement de l’école d’agroécologie.

En nous soutenant sur ce projet, Restaurants Sans Frontières a permis de rénover entièrement le bâtiment dédié à ce laboratoire : isolation, régulation thermique et normes sanitaires, les travaux ont été réalisés entre avril et juillet 2021, nous permettant de compléter le programme de formation de nos élèves, notamment pour la seconde promotion arrivée fin décembre.

Aujourd’hui, notre laboratoire est utilisé par nos professeurs pour la mise en place de cours pédagogiques permettant à nos élèves de développer de nouvelles compétences. Lors de leur dernier atelier, les élèves se sont familiarisés avec la technique de fabrication du sirop et du thé, leur permettant de comprendre les processus essentiels à la transformation de nos aliments.

Ces ateliers permettent à nos étudiants de compléter leur apprentissage et leurs réflexions quant aux multiples façons de gérer sa production et la diversification des produits qu’ils peuvent proposer : du légume sorti de terre qui compose nos paniers de légumes à la confiture vendue au sein de notre Coffee Shop.

Combinés à leur stage, ces cours pratiques viennent compléter notre formation en agroécologie, garantissant à nos étudiants un réel savoir-faire et une vraie connaissance du terrain à la fin de leur année d’études !

 Nous remercions chaleureusement Restaurants Sans Frontières pour leur soutien sur ce projet.

Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Des abeilles pour les mamans de l’Ecole du Bayon

Lancé en 2021 par l’Unesco et Guerlain, le programme Women for Bees, dont la marraine est Angelina Jolie, a pour but de promouvoir l’apiculture à travers le monde tout en renforçant le rôle des femmes au sein de leur communauté.

Avant d’avoir une dimension sociale, le programme est principalement axé sur la protection et le repeuplement des abeilles, responsables de 90% de la pollinisation des fleurs sauvages à travers le monde. Aujourd’hui menacées par le dérèglement climatique, l’UNESCO prévoit d’installer 2500 ruches dans 25 réserves de biosphère à travers le monde : en France, en Italie, en Bulgarie, en Slovénie, en Russie, en Ethiopie, au Rwanda, en Chine ainsi qu’au Cambodge. En effet, la région du Tonlé Sap constitue une des plus grandes réserves de biosphère actuelles et la majestueuse forêt entourant les temples d’Angkor un lieu propice à leur développement.

L’initiative vise à étudier les bénéfices de la pollinisation tout en mettant les femmes au cœur de l’action. Métier majoritairement masculin, le programme Women for Bees, Des Femmes pour des Abeilles en français, encourage les femmes à être des « conceptrices du changement » en devenant apicultrices. La formation se déroule sur plusieurs semaines et consiste à enseigner à ces femmes les techniques d’une apiculture durable, les encourageant ainsi à apprendre et devenir de vraies expertes dans le domaine, avant de pouvoir étendre leurs connaissances à d’autres.

Au Cambodge, l’enjeu est de protéger les abeilles sauvages du pays, regroupant 4 espèces au total, là où en France qu’une seule espèce existe. Eric Guérin, biologiste français et spécialiste de la conservation des abeilles sauvages d’Asie et de l’apiculture durable, est en charge du programme à Siem Reap et forme 6 femmes au métier d’apicultrice, en travaillant avec l’une des espèces d’abeilles asiatiques qui existe ici, « l’apis cerana ». Sur ces 6 femmes, 4 sont des mamans dont les enfants sont à l’Ecole du Bayon.

 « Au-delà de l’apprentissage de compétences techniques, cette formation est l’opportunité pour elles de s’émanciper, par la prise de conscience qu’elles sont finalement capables de le faire. Toutes, la première fois, et comme souvent au Cambodge parmi les populations les plus défavorisées et notamment les femmes, répondent qu’elles ne sauront pas faire, ou qu’elles n’ont pas les moyens d’apprendre. Et finalement, elles ont été elles-mêmes surprises de leur capacité à se former sur le sujet. » explique Eric, qui travaille avec elles chaque semaine sur le terrain.

Situées dans l’enceinte des temples d’Angkor, ces futures apicultrices sont toutes issues d’un milieu défavorisé, critère de sélection pour faire partie du projet : si l’objectif numéro 1 est de préserver les abeilles, symbole fragile d’une planète abimée par le dérèglement climatique, l’objectif numéro 2, tout aussi important, est de renforcer les compétences des femmes à travers le monde en les incluant dans la préservation d’un environnement durable.

Eric explique qu’au cours des semaines, elles se sont transformées : « les femmes que j’ai aujourd’hui en face de moi ne sont pas les mêmes qu’il y a 4 mois. Elles ont gagné en assurance, s’expriment librement, donnent leur opinion. Leur transformation est remarquable, tout comme leur envie d’apprendre. »

Elles ont, plus que d’autres, un rôle important à jouer, notamment lorsque l’on sait qu’elles sont les premières impactées par le réchauffement climatique à travers le monde (PNUD), et que les conséquences de ces dérèglements entraînent des inégalités indirectement liées aux questions de genre et d’oppressions sociales auxquelles les femmes du monde entier font face aujourd’hui (Nations Unies).

A l’issue de la formation donnée par Eric Guérin, nos apicultrices en herbe travailleront conjointement avec certains guides des temples d’Angkor pour proposer aux touristes une visite de leurs ruches et une séance de sensibilisation à la préservation des abeilles à travers le monde. Cette activité leur permettra également de pouvoir générer un revenu complémentaire à leurs activités quotidiennes, améliorant ainsi leurs conditions de vie actuelles.

« La visite des ruchers par les touristes sera très importante, car cela permettra à ces femmes de voir que ce qu’elles font intéresse des gens du monde entier, qu’elles ont des choses à apporter et que ce qu’elles maîtrisent maintenant, peu de gens savent le faire également. »

Angelina Jolie est notamment venue leur rendre visite récemment, sur leurs terrains, pour les encourager et constater les progrès. C’est une chance inouïe pour elles de s’affirmer et de prendre confiance en elles, au sein de leurs communautés.

C’est également l’occasion pour ces femmes de partager leurs connaissances aux jeunes et moins jeunes de l’Ecole du Bayon qui les entourent et d’aider ainsi les autres à s’élever autour d’elles.

Écrit par Pénélope Hubert, responsable de la communication à l’Ecole du Bayon.

Les activités périscolaires à l’école primaire du Bayon: Rendre ludique l’apprentissage

Les activités périscolaires à l’école primaire du Bayon: Rendre ludique l’apprentissage

Quels types d’activités sont mises en place au sein de l’Ecole du Bayon ? Quelles est la valeur/dimension pédagogique de ces activités ?

Les activités mises en place dans notre école primaire sont principalement des activités culturelles ou sportives. Elles permettent aux enfants de découvrir des lieux, des pratiques, des activités qu’ils n’ont jamais faites. Habitant principalement dans l’enceinte des temples d’Angkor et aux alentours, nos élèves n’ont pas souvent l’occasion de sortir de cette zone et de visiter en profondeur la ville de Siem Reap. Par la mise en place de ces activités, nous cherchons à rendre concret et ludique leur apprentissage théorique en visitant par exemple des musées sur l’histoire du Cambodge ou sur l’histoire des temples. Mais aussi en visitant des fermes de soie, de papillons, de lotus, ou en allant à la rencontre d’ONG spécialisées dans la formation de rats ou de chiens démineurs, dans les arts du cirque et de danse khmère.

Chaque activité est pensée pour apporter de nouvelles connaissances aux enfants, développer leur culture générale mais aussi pour les distraire et pouvoir sortir du cadre de l’école.

Jusqu’à maintenant, nos élèves ont eu l’occasion de découvrir :

  • Apopo, un centre de rats démineurs
  • Senteur d’Angkor, un atelier d’artisanat cambodgien
  • Bayon Pastry School, un cours de pâtisserie avec nos élèves
  • Silk Farm Project, une ferme de soie
  • Khmer ceramic, un cours de poterie
  • Angkor zip line, une tyrolienne dans la forêt
  • Lotus farm, une ferme de lotus
  • Mini khmer Historical Museum, l’histoire du Cambodge
  • Butterfly farm, une ferme de papillons
  • Phare circus, un spectacle d’acrobaties

A quelle fréquence ces activités ont-elles lieu ?

Depuis la reprise des activités en Février 2022 elles ont lieu 2 fois par mois en moyenne. Nous séparons les classes en deux groupes (environ 15 élèves) et alternons d’une activité à l’autre pour qu’à la fin de l’année, les élèves puissent avoir participé à deux activités minimums.

Comment réagissent les enfants face à ce type d’activités ?

Les enfants sont toujours très heureux de quitter l’enceinte de l’école et de prendre un tuk tuk pour découvrir l’activité qui les attend. Ils sont très attentifs au trajet et à ce que l’on peut apercevoir sur la route car depuis 2 ans, avec la crise du Covid, toutes les activités ont cessées. La plupart d’entre eux n’ont pas encore eu la chance de quitter l’école pour découvrir une autre activité, ce qui les rend encore plus enthousiastes.

 

« Les enfants découvrent et vivent des expériences qu’ils n’ont et n’auront jamais l’occasion de faire dans leur vie de tous les jours. Ils apprennent l’histoire des lieux qu’ils visitent, comment et pourquoi ce lieu a-t-il été créé. Les activités extérieures permettent aux élèves de découvrir ce à quoi ressemble la vie en dehors de leurs villages, de vivre des expériences par leurs propres yeux, leur toucher, leur goût et leur odorat. De plus, ces lieux leur permettent de développer leur imagination et de leur faire réaliser toutes les possibilités qui s’ouvrent à eux. » Sokhea, responsable des activités.

Travaillez-vous avec des partenaires locaux pour l’organisation de ces activités ?

Nous travaillons exclusivement avec des ONG basées à Siem Reap. Nous les contactons pour leur demander de nous accueillir gratuitement, en nous faisant une visite de leur site, ou une activité manuelle en lien avec leur programme. Au fil des années nous établissons de forts liens avec ces ONG qui pour certaines, nous accueillent tous les ans !

 

Cependant, depuis la crise du Covid, plusieurs ONG ont fermées ou bien ne peuvent plus nous accueillir gratuitement, et cela devient de plus en plus compliqué pour trouver des sorties. Les touristes étant pour la plupart leur source de revenus ; sans leur venue, les ONG ont du mal à faire perdurer leurs activités, et donc à accueillir gratuitement des organisations comme la nôtre.

Écrit par Elisabeth Demaegdt, volontaire à l’Ecole primaire.

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Le projet des farmers du Bayon évolue : Vers la commercialisation de leurs légumes !

Lancé en 2018, le projet Potager avait pour objectif de former des mamans de l’école primaire à l’agriculture biologique. Grâce à des bénévoles, volontaires et membres du Bayon, ce sont une dizaine de femmes qui ont (ré)appris à cultiver leur jardin. Aubergines, courges, tomates, piment… Année après année, nos farmers gagnent en compétences et en autonomie. Elles ont vu leur production augmenter et leurs conditions de vie s’améliorer. Depuis le début du projet, le Bayon les aide à commercialiser leur production.

Cette année, afin de leur assurer un revenu supplémentaire et de mettre en avant leurs produits, nous avons lancé la vente de paniers de leurs légumes au Coffee Shop de l’école de pâtisserie du Bayon.

Une monoculture intensive

Selon la Banque mondiale, le secteur agricole du Cambodge contribue à hauteur de 22 % du produit intérieur brut. Le riz représente plus de la moitié des produits agricoles du Cambodge et fait du Cambodge l’un des 10 premiers exportateurs de riz au monde. A contrario, la production de fruits et légumes cambodgiens ne répond qu’à 30 % de la demande locale. Le reste est principalement importé de Thaïlande et du Vietnam.

Avec une population principalement rurale (76,6 % en 2018) et un tiers de ses habitants vivant avec moins d’1 $ par jour, le Cambodge fait face à des problèmes auxquels l’agriculture européenne a déjà été confrontée. La plupart des agriculteurs sont de petits exploitants qui cultivent moins de 2 hectares de terres par foyer.

Afin de répondre à une demande croissante et par manque de connaissance d’autres solutions, la plupart des légumes et fruits sont cultivés de manière intensive et grâce à de nombreux intrants chimiques. L’usage massif de ces pesticides combiné à la monoculture du riz, empêche la régénération des sols et entraîne une baisse des rendements des produits actuels. Le ministre de l’Agriculture, commence peu à peu à prendre en compte les enjeux de l’agriculture intensive au Cambodge, mais des solutions concrètes ne sont pas encore apportées.

La place de la femme en milieu rural

Dans les pays en développement, les femmes jouent un rôle majeur dans la gestion de leur foyer et de leur communauté afin d’apporter une sécurité alimentaire et d’améliorer les conditions de vie en général. Néanmoins, elles sont confrontées à de nombreuses difficultés notamment en matière de droit humain et d’égalité de revenus. Elles ont un accès restreint à l’éducation et très peu d’indépendance, ce qui ne facilite pas leur évolution au sein de la société.

Les femmes en milieu rural représentent près de 43 % de la main-d’œuvre agricole. Malheureusement, ces femmes agricultrices sont considérées comme “des travailleuses familiales non rémunérées ou contributrices”. Elles ont donc une source de revenus bien moindre que celle des hommes ce qui ne leur permet pas d’accroître les rendements de leurs exploitations. Il est donc important de repenser ce système financier pour répondre aux besoins de ces femmes qui contribuent pleinement à la vie de leur foyer et leur permettre de s’émanciper davantage.

La création du projet Potagers à l’École du Bayon

À l’École du Bayon, la transmission des principes de l’agroécologie auprès des familles des enfants scolarisés au sein de notre école primaire, nous a semblé être une solution viable et efficace sur le long terme. C’est pourquoi, depuis février 2018, onze potagers ont été mis en place dans les jardins des familles que nous soutenons.

L’objectif initial de la création de ces potagers était de fournir la cantine d’Élodie (Cantine de l’école primaire accueillant 250 élèves au déjeuner) en légumes cultivés localement et sans pesticides, tout en permettant aux familles de dégager un revenu supplémentaire. Le Bayon a ensuite mis en place des distributions de légumes pour venir en aide aux familles pendant l’épidémie de Covid-19 et a organisé des partenariats avec des supermarchés comme le Farmer Market.

En 2021, 17,6 tonnes de légumes ont été vendues. Cela représente une augmentation de 35 % par rapport à l’année précédente. Cette production de légumes a généré 13 350 $ de revenus provenant principalement de la distribution de légumes mise en place pendant le Covid-19 (70 %), les cantines de l’école primaire et de la pâtisserie (20 %) et le Farmer Market à Siem Reap (10 %).

En août 2022, nous allons mettre fin à l’aide alimentaire, en espérant que la situation économique de nos familles se soit stabilisée. Il est donc nécessaire de trouver d’autres sources de revenus pour nos farmers.

Une solution parmi d’autres : La vente de paniers de légumes

Afin de diversifier les sources de revenus, nous avons donc mis en place le 5 avril 2022, la vente de panier de légumes des farmers au Coffee Shop de l’école.

 

Chaque semaine, le jeudi, nous ouvrons la prise de commande de panier en fonction des quantités produites par les farmers. Aubergines, haricots kilomètre, courgettes, citrouilles, citrons verts, piments, tomates, radis… Chaque semaine la composition des paniers change en fonction de la production. Le mardi nous recevons les légumes commandés au Coffee Shop et nos équipes répartissent les légumes dans les paniers. Les clients ont la possibilité de rajouter le pain frais de la semaine, préparé par notre chef. Ils viennent chercher leur panier au Coffee Shop ou peuvent se faire livrer directement chez eux.

 

La vente des paniers permet de mettre en place une réelle synergie entre les différents projets de notre école. En vendant les paniers, cela assure aussi une source de revenu supplémentaire et une visibilité au Coffee shop et permet donc de financer une partie de la formation en pâtisserie de nos étudiantes.

 

Les premières commandes ont été un réel succès. Les clients en redemandent et sont heureux de participer à notre projet, tout en achetant des produits bons pour leur santé. C’est une première phase vers un déploiement des ventes des légumes biologiques des farmers dans les supermarchés et restaurants de Siem Reap.

 

Alors n’attendez plus, réservez votre panier de légumes et parlez-en autour de vous !

 

Écrit par Morgane Boudoul, chargée de communication à l’Ecole du Bayon.