COLLABORATION INÉDITE AVEC PSE

COLLABORATION INÉDITE AVEC PSE

Comme présenté et voté lors de l’AG de juin à Paris, le projet de partenariat entre l’Ecole du Bayon et PSE est aujourd’hui effectif.
 
 
POURQUOI CE PARTENARIAT ?
 
L’École du Bayon , en plus de vingt ans d’existence, a progressé, s’est enrichie de talents, réalisations et initiatives, et reste une formidable aventure humaine qui participe activement au développement de nombreux enfants défavorisés de Siem Reap au travers de son école primaire, de son accompagnement des enfants dans le secondaire, de son école d’apprentissage en pâtisserie, de son Coffee Shop et aujourd’hui de son accompagnement des familles dans la création de cultures vivrières.
 
Mais dans le même temps nous avons fait quelques constats :
 
Nous n’avons plus la possibilité de nous agrandir (du fait de notre localisation au sein des temples), pour accueillir toutes les demandes, et elles restent nombreuses, ce qui conduit à des sélections difficiles. Mais aussi nos enfants de l’école primaire d’il y a vingt ans sont grands : nous les avons soutenus dans leurs études mais beaucoup d’entre eux attendent maintenant un métier. Enfin, notre fonctionnement sur le mode « small is beautiful » permet d’être créatif, flexible, réactif, et donc très « entrepreneurial » mais en revanche crée les fragilités inhérentes aux petites structures.
Nous nous sommes donc mis en quête d’un partenariat nous permettant de conserver nos valeurs, notre ADN, tout en ouvrant les portes de nouvelles initiatives, de débouchés professionnels pour les enfants et sécurisant l’Ecole du Bayon dans le long terme sur le plan organisationnel et sociétal.
 
 

 

Très vite nous avons compris que PSE, « Pour un Sourire d’Enfant », association créée en 1996 par Christian et Marie-France des Pallières était l’association idéale pour ce partenariat.
PSE est une organisation reconnue au Cambodge où elle a en charge plus de 6500 enfants et leurs familles, qu’elle soutient financièrement en école publique, mais dispose aussi de nombreuses écoles d’apprentissages permettant de former les élèves qui le souhaitent à des métiers très opérationnels.
PSE est principalement développée sur Phnom Penh avec quelques antennes en province, mais elle aussi, se trouve débordée par son succès et rencontre des difficultés d’accompagnement sur ses antennes de province.
Sur Siem Reap elle aide à ce jour 414 enfants en écoles publiques ainsi que 200 familles, au travers d’une dizaine de permanents (Assistance Sociale et Fonctions support) et possède aussi un centre d’accueil, à ce jour peu exploité, comprenant divers pavillons sur un grand terrain près du centre-ville.

Deux maisons et un jardin

Dans le cadre de notre accord les deux associations vont engager une coopération sur Siem Reap pour partager les savoirs faire et créer des synergies entre nos deux modèles et les équipes locales.

En parallèle les équipes des deux associations vont se regrouper dans le centre d’accueil de PSE Siem Reap. Ceci va permettre en particulier de libérer de la place dans l’école de pâtisserie pour l’agrandir, mais surtout ce centre va permettre de créer à l’avenir des structures d’accueil pour des étudiants en internat pour de futures formations, l’ambition étant surtout que les enfants des deux associations puissent bénéficier à terme de tous ces enseignements professionnels, qu’ils soient à Phnom Penh où à Siem Reap.
Et dans l’immédiat, le premier projet sur le site sera la création d’une ferme expérimentale de permaculture, qui sera la base d’une filière de formation professionnelle.
Nous sommes heureux de partager avec vous les premières images.

Des travaux pour aménager un jardin potager

Des gens travaillent dans un jardin

UNE ANNÉE RICHE EN PROJETS A L’ÉCOLE DU BAYON

UNE ANNÉE RICHE EN PROJETS A L’ÉCOLE DU BAYON

Une année de plus s’achève à l’Ecole du Bayon… Et à peine terminée, une nouvelle promotion d’étudiantes a rejoint la formation tandis que 19 petites têtes brunes ont rempli les bancs vides de la classe de maternelle. La vie d’une école est ainsi : certains vont de l’avant et laissent la chance à d’autres d’intégrer notre structure. Ça bouge et c’est tant mieux ! Des envies émergent, les idées fusent, les choses se concrétisent, les équipes se motivent et de nouveaux projets voient le jour…

 enfants de maternelle et leur professeure

L’année scolaire 2018/19 avait démarré à l’école primaire avec une grande réforme du système d’enseignement suite aux recommandations apportées par Rodrigo et Anaïs venus réaliser un audit de notre système pédagogique. Un nouveau directeur a été recruté et l’équipe des professeurs a été renouvelée pour favoriser les pleins temps et ainsi des plages horaires disponibles pour mettre en place des cours de soutien pour les élèves en difficultés. Deux bâtiments ont ouvert leur porte : une classe informatique, destinée aux élèves des grades 5 et 6, ainsi qu’une bibliothèque avec plus de 400 références de livres en khmer. Une toute nouvelle cantine ainsi qu’un système de gestion des eaux flambant neuf ont été inaugurés. Ces investissements n’ont été possibles que grâce au précieux soutien de nos sponsors et de nos généreux donateurs. Sans eux, nous n’irions pas aussi loin. Un grand MERCI !

2 personnes posent

Nos étudiants du secondaire ont poursuivi les rencontres métiers mensuelles avec des professionnels qui sont venus présenter leur profession. Créatrice d’une marque de bijoux, RH dans une agence de voyage, comptable dans une ONG, manager dans un hôtel : des métiers divers qui leur parlent et leur permettent de se projeter dans un avenir professionnel finalement pas si lointain. Ils ont aussi eu cette année la chance de participer à un échange interculturel riche en émotions avec des étudiants du lycée français de Singapour.
Les potagers du Bayon n’ont jamais autant produit puisque cette année, la cantine a été alimentée à 80% en légumes produits localement et de façon écologique, dans les jardins des 8 familles impliquées dans le projet. Chaque jour, 25 kg de légumes arrivent en moto, tuktuk ou même en vélo à la première heure pour permettre à nos cuisinières de préparer le repas des 250 élèves qui débutent leur déjeuner dès 11h pour les plus jeunes. Maintenir la motivation des familles est un défi de taille ! Le métier de maraîcher est une entreprise du quotidien et ne permet pas de repos. Nous avons, cette année, équipé chaque famille d’un système d’arrosage automatique, leur permettant de dégager du temps pour d’autres activités : désherber, récolter, traiter les maladies, etc.

agricultrice dans son champ

A l’école de pâtisserie, la cinquième promotion d’étudiantes a permis de remettre un diplôme à 21 jeunes filles parties fin août dernier vers un avenir professionnel sécurisant dans les hôtels de Siem Reap ou de Phnom Penh et/ou dans des boulangeries-pâtisseries en recherche de main d’œuvre qualifiée. Arrivées fin septembre 2018, les étudiantes que nous avons connues ne sont plus les mêmes. Timides, réservées et très peu sûre d’elles en début de formation, elles repartent confiantes et forte d’une compétence qu’elles peuvent et savent mettre en avant. Nous sommes vraiment dupés par leur capacité d’apprentissage en 12 mois seulement !

5ème promotion de l'école de pâtisserie

La nouvelle promotion accueillie fin août 2019 a fait ses premiers pas dans le tout nouveau Bakery Lab que nous venons d’inaugurer et qui va nous permettre de former plus et dans de meilleures conditions.L’Ecole du Bayon avance… Grâce à ses équipes et à ses nombreux et fidèles donateurs qui croient en son projet. Continuons ensemble !

Vous trouverez ici le rapport d’activité de l’année 2018/2019 pour plus de détail sur nos actions.

LES UNIFORMES SCOLAIRES PRODUITS PAR LES MAMANS DU BAYON

LES UNIFORMES SCOLAIRES PRODUITS PAR LES MAMANS DU BAYON

Lors de sa dernière visite, Babeth, notre ambassadrice à Singapour m’avait soufflée l’idée de faire produire les uniformes de nos élèves par les mamans elles-mêmes. Désireuse de m’investir dans un projet sur le terrain au plus près de nos élèves et de leur famille, j’ai décidé de porter ce projet et de le faire naître au sein de l’association.

Atelier de couture et uniformes

Habituellement achetés chez un fournisseur extérieur, nous avons été, à de nombreuses reprises, mécontents de la qualité des uniformes fournis : problèmes de livraison, mauvaise qualité… Au-delà de ces soucis, c’est surtout l’opportunité que représentait ce projet qui a motivé sa mise en place.

Sur le même modèle que les potagers installés dans les familles de nos élèves pour approvisionner la cantine de l’école, l’idée principale est de fournir aux familles un salaire supplémentaire et donc, d’améliorer leurs conditions de vie.

Pour cette année de lancement, nous avons décidé de produire uniquement les uniformes de l’école primaire et d’acheter ceux des étudiants du secondaire et de l’école de pâtisserie à un fournisseur extérieur. L’objectif sera, pour l’année prochaine, de produire l’intégralité des uniformes.

Mère tenant un uniforme à la main

La première étape de ce projet a été le recrutement des mamans « couturières ». Pour ce faire, j’ai demandé l’aide de la personne qui connait le mieux nos familles : Soky, notre assistante sociale à l’école primaire. Elle m’a permis d’identifier les familles qui avaient le plus besoin d’un revenu complémentaire et parmi elles, 3 mamans avec des compétences en couture : Sokheng, Mom et Hai.

Sokheng vit dans une petite maison de tôles dans un village en face d’Angkor Wat avec son mari et ses deux enfants. Sa fille Panha, a 6 ans et entrera en Grade 2 en octobre prochain. Son fils n’a, quant à lui, que 4 mois, et il est très difficile pour elle de le nourrir correctement étant donné qu’elle n’a aucun revenu.

Mère mesurant les uniformes

Mom vit dans une grande maison au bord de la rivière qui traverse l’enceinte des temples d’Angkor. Elle vit avec ses 4 neveux et nièces. Ils sont scolarisés à l’école du Bayon. Elle est la seule personne dans le foyer générant un revenu. C’est donc elle qui est en charge d’acheter de la nourriture et de subvenir aux besoins.

Hai a 3 enfants : ses deux filles sont scolarisées à l’école primaire du Bayon, Sopheak en Grade 5 et Sreyka en Grade 4, et son fils, Kvan, âgé de 3 ans est pour le moment trop jeune pour rejoindre les bancs de l’école.

Ces 3 femmes vivent toutes dans des conditions très précaires et n’ont pas hésité à saisir l’opportunité d’une rémunération. Quand nous sommes allés à leur domicile pour leur proposer de participer à la conception des uniformes, elles ont toutes les trois accepté sans hésitation. Toutefois, leurs compétences étant insuffisantes, il nous a fallu demander l’aide de Lan, une couturière professionnelle.

Maman en train de coudre à la machine

Achat des tissus et accessoires au marché, découpe des tissus à la bonne taille et surtout formation des mamans pour la couture des pièces, Lan est un maillon essentiel dans notre chaîne de production pour cette première année. Vivant elle-même dans des conditions précaires, elle bénéficie ainsi également de ce projet. L’année prochaine, nous ferons en sorte que les mamans prennent en charge toute la chaîne de production.

Pour lancer la conception, nous avons eu besoin d’investir dans du nouveau matériel : une machine à coudre, 3 fers à repasser, une machine spéciale pour la couture des boutons… Heureusement de généreux donateurs nous ont soutenus !
A la date de début septembre, la production suit son cours : nous terminons les uniformes de grades 3, 4, 5 et 6 et nous allons bientôt commencer ceux pour les élèves de maternelle, grades 1 et 2. Objectif = 490 uniformes pour le 1er octobre !

Phorn, le directeur de l’école primaire et Jeanne, notre responsable de collecte, m’apportent une aide précieuse pour le suivi de la production. Nous rendons visite 2 fois par semaines aux 4 femmes investies dans le projet pour s’assurer qu’elles ne manquent de rien et collecter les uniformes produits. C’est très encourageant !

Nous avons tous hâte de voir les élèves dans les uniformes produits par les mamans du Bayon.

LES VISITES DE FAMILLE AVEC MARINE

LES VISITES DE FAMILLE AVEC MARINE

« En travaillant aux bureaux de l’ONG à l’école de pâtisserie en ville, nous sommes un peu comme dans une bulle, loin de la réalité du terrain, avec les odeurs de croissants, les open-air cinéma, les touristes et la communauté d’expatriés qui viennent commander leurs gâteaux d’anniversaire… Même en faisant des allers-retours quotidiens à l’école primaire dans les temples, nous pouvons en oublier d’où viennent nos étudiantes et étudiants. Là-bas, ils sont tous habillés de la même façon avec leurs jolis uniformes blanc et bleu, ils viennent nous saluer respectueusement d’un « Tchum Ripsour ! » les mains pressées l’une contre l’autre ; ils rient, ils courent, et semblent heureux, loin de tout problème. Toujours souriants, jamais un pleur, ces enfants nous impressionnent sans cesse.Mais les visites de familles permettent de nous rappeler d’où ils viennent, la réalité de nos programmes et l’impact de nos actions.

cabane en bois et en taule

Soky, notre assistante sociale chargée de l’école primaire, doit réévaluer le niveau social de l’ensemble des familles des étudiants chaque année. C’est un immense travail de terrain qui prend du temps et demande beaucoup d’énergie physique et mentale. Elle doit rendre visite à chaque famille et remplir le questionnaire qui a été prédéfini avec l’équipe sociale. Professions et salaires des membres du foyer, caractéristiques de la maison et du terrain, prêts et remboursements… Les familles doivent accepter de se mettre à nue et de dévoiler leurs faibles ressources. C’est le moment qu’elles choisissent pour parler de leurs problèmes si Soky n’est pas déjà au courant : le mari vient de s’en aller avec une autre femme, le fils a arrêté l’école pour travailler et aider la famille, du riz a dû être emprunté aux voisins… Les situations sont très diverses et aucune famille ne se ressemble.
Pour ces visites Soky ne se déplace jamais seule. Un barang, c’est-à-dire un blanc, l’accompagne à chaque fois. Nous la suivons sur les chemins de terre et de sable, de flaques dues à la saison des pluies, sans oublier les plastiques à perte de vue. Nous arrivons ensuite dans la famille où tous les échanges se font en Khmer. Nous aidons à prendre les photos de la maison et posons des questions complémentaires. Pour certains membres de l’association, c’est l’occasion de se rendre pour la première fois dans les villages, dans les familles, dans cet environnement à part entière où le temps semble s’arrêter.

Travailleur social mène une enquête

Même sans parler khmer, nous pouvons analyser les visages, les expressions, les silences et les intonations de chacun. Saisir les gênes et les détails qui voudraient rester cachés. Compliqué dans cette culture où il ne faut pas perdre la face… Analyser quelle famille est plus en difficulté qu’une autre est une lourde tâche. Comment comparer un orphelin à une famille qui a un parent gravement malade, à un foyer avec 10 membres sous le même toit, à une autre dont l’enfant a un grave handicap mental qui n’est pris en charge nulle part au Cambodge ? C’est le dur travail de Soky qui est en permanence dans les villages au contact de nos familles. Ecouter et comprendre sans se laisser submerger par ses émotions, garder une distance tout en gardant son humanité.

De notre côté, la journée est finie, nous retournons dans notre cocon en ville. Mais tous ces visages, toutes ces familles vulnérables qui vivent dans ces maisons en bois, sans eau, sans électricité, au contact des chiens remplis de puces et des moustiques tigres ne nous ont pas laissés indifférent. Ils nous rappellent le choix que nous avons fait, pourquoi nous nous levons tous les matins, au cas où nous aurions tendance à l’oublier. »

maison en bois

« By working at the NGO offices at the Bayon pastry school in town, we are a bit like in a bubble, far from the reality of the field, with the smell of croissants, open-air cinema, tourists and the expat’ community who come to order their birthday cakes … Even by making daily trips to the primary school inside Angkor temples area, we can forget where our students come from. At school, they are all dressed in the same way with their pretty white and blue uniforms, they come to us respectfully saying « Tchum Ripsour!”. Hands pressed against each other, they laugh, they run, and seem happy, far from their problems. Always smiling, never crying, these children impress us constantly.But the family visits remind us where they come from, the reality of our programs and the impact of our actions.
cabane en bois et en taule

Soky, our primary school social worker, needs to re-evaluate the social level of all students’ families each year. It is a huge fieldwork that takes time and requires a lot of physical and mental energy. She must visit each family and complete the survey that has been preset by the social team. Professions and salaries of families’ members, characteristics of the house and the land, loans and debts … Families must reveal their limited resources. This is the moment to talk about their problems if Soky is not yet aware of them : the husband has just left with another woman, the son has stopped school to work and help the family, rice had to be borrowed from the neighbors because of a lack of resources… The situations are very diverse and none of the family situations are the same.
For these visits Soky is never alone. A “Barang”, in other words a white person, go with her every time. We follow her on dirty roads and sand, through puddles due to the rainy season, not to mention plastics everywhere. We arrive then in the family where all the discussions are in Khmer. We help Soky to take pictures of the house and we can ask complementary questions. For some members of the association, this is the opportunity to visit the villages for the first time and to meet our families in their environment where time seems to stop.

Travailleur social mène une enquête

Even without speaking Khmer, we can analyze the faces, the expressions, the silences and the intonations of each one. We can sometimes understand the discomfort and see what would like to remain hidden. Complicated in this culture where you must save face … Analyze which family is more in need than another is a heavy task. How do you compare an orphan with a family who has a seriously ill parent, a home with 10 members under the same roof, to another whose child has a severe mental handicap that is not supported anywhere in Cambodia? It is Soky’s hard work: she is constantly in the villages in contact with our families. Listen and understand without being overwhelmed by her emotions, keep a distance while keeping her humanity.

On our side, the day is over, we return to our cocoon in town. But all these faces, all those vulnerable families who live in these wooden houses, without water, without electricity, in contact with dogs filled with fleas and tiger mosquitos did not leave us indifferent. They remind us of the choice we made, why we get up every morning, in case we tend to forget it. »

maison en bois

Le projet « potagers » vu par notre volontaire

Le projet « potagers » vu par notre volontaire

« Depuis plus d’un an, neuf femmes se lèvent chaque jour pour nourrir au quotidien les 250 élèves de l’École du Bayon. Livraisons des légumes à la cantine d’Élodie, arrosage, entretien des cultures, préparation de compost, d’insecticides naturels, les journées sont bien remplies. Au fil des plantations, des conseils, des ateliers, elles acquièrent l’expérience essentielle au bon fonctionnement du projet et à leur satisfaction personnelle.
Engagées dans ce travail à temps plein, c’est souvent dans leur jardin, la bêche à la main, que je les salue lorsque j’arrive chez elle pour la visite hebdomadaire. Un grand sourire en guise d’accueil, mon arrivée est entre autre l’occasion pour elles de lever le nez de leurs légumes. Commence alors un échange appuyé par le traducteur engagé pour le projet. Vérification de l’état des plantations, conseils sur les traitements à suivre en cas de maladies ou attaques par des insectes. Ensembles, nous apprenons au quotidien comment réagir aux imprévus inévitables d’une agriculture sans produits chimiques.
agricultrice travail dans un potager
 
Nous prenons le temps à chaque visite d’aborder tous les sujets : apport de graines, de petits matériels pour faciliter le travail, rappel des livraisons prévues. Cet accompagnement technique essentiel n’est pourtant qu’une partie du travail. Prendre des nouvelles de la famille, féliciter pour préserver la motivation, favoriser le partage d’expérience afin de créer une vraie communauté, toutes ces petites choses font partie intégrante de la mission. Car à chaque famille son histoire, à chaque visite son anecdote. Alors il est important de toujours garder à l’esprit que, parfois, tout ne fonctionne pas exactement comme prévu, tout n’avance pas comme on le souhaiterait. Grâce aux potagers, nous aidons des familles dont le contexte social est souvent difficile, et celui-ci passe bien entendu avant toute chose.
 
champ du projet potager
 
Ce projet, c’est bien plus qu’une histoire de légumes ! C’est le bouleversement du quotidien de ces femmes qui désormais ont une réelle responsabilité, c’est l’occasion pour elles de gagner en dignité par le travail. Le mercredi, dans les locaux de l’école, nous nous réunissons pour le rendez-vous hebdomadaire durant lequel le programme prend alors tout son sens. Certaines bien apprêtées, d’autres toujours en retard (l’un va d’ailleurs avec l’autre), chacune avec son caractère, vient vendre ses légumes pour la semaine suivante et récupérer ce qui lui est dû. Avec la cuisinière de l’école, nous élaborons alors le menu des jours à venir. Toutes réunies autour de cette table, une énergie incroyable jaillit lorsqu’elles annoncent avec fierté leur production à venir. Cette énergie comble les appréhensions, les baisses de motivations et redonne à chacun l’envie de continuer et d’avancer. Au-delà des différences culturelles et de la barrière de la langue, par le regard, on se comprend : ce projet est beau, valorisant, et vaut pleinement l’effort et les moyens investis. »

 
 
« For more than one year, nine women get up every day to feed the 250 students of Bayon School in vegetables. Deliveries of products to the Elodie’s canteen, watering, crop maintenance, compost and natural insecticides preparation… their days are very busy! Throughout the plantations, trainings and workshops, they acquire the essential skills to make the project and their personal satisfaction possible.
Engaged full time in this work, it is most of the time in their garden with a spade in hand that I greet them when I come to their place for the weekly visit. Welcomed by a big smile, my arrival is an opportunity for them to stop focusing on their vegetables. Then begins a conversation supported by the translator recruited for the project: checking of the plantation conditions, advices on the type of treatments to choose in case of diseases or insects attacks… Together, we learn daily how to react to unforeseen events due to chemical-free agriculture.
 
agricultrice travail dans un potager
 
During each visit we take time to address all topics: supplying seeds, providing small equipment to facilitate the work, reminding the delivery schedule. This technical support is essential but it is only one part of the job. Get news from the families, congratulate them to maintain willingness to continue, share experiences to create a sense of being part of a community, all these little things are part of our mission. Because each family has its own story, each visit has its anecdote. It’s important to keep in mind that sometimes everything does not work exactly as we planned or we would like. Thanks to the “green garden” project, we help families living in a difficult environment and naturally we put their needs first. 
 
champ du projet potager
 
This project is more than just a vegetable story! It is the upheaval of these women daily lives and an opportunity for them to gain real responsibilities and dignity through their work.
Each Wednesday, we organize meetings at Bayon Primary School during which our program becomes meaningful. Some are well prepared, others are always late, and each one with their own character, they come to sell their weekly harvest and to get paid for what they have delivered. Then, we elaborate the menu of the following week with the cook of the school. All gathered around a table, we can feel an incredible energy when they proudly announce their upcoming production. This energy provides to each the desire and the enthusiasm to continue and go further. Beyond the cultural differences and the language barrier, I feel we understand each other perfectly. This project is beautiful, gratifying, and fully deserves the effort and resources invested. »

SOKY et CHHEIN : deux femmes engagées pour l’éducation des plus défavorisés.

A l’Ecole du Bayon, la politique sociale est dirigée par Mr Thorth Torn, mais le travail de terrain et d’analyse est mené par nos deux assistantes sociales : Soky à l’école primaire et Chhein à l’école de pâtisserie. Toutes deux âgées de seulement 30 ans, elles prennent en charge de nombreuses activités au sein de l’équipe de l’École du Bayon.
Soky est arrivée dans notre équipe en 2017. Elle a grandi dans un village proche du temple d’Angkor Wat et a toujours vécu à Siem Reap. Après le lycée, elle souhaitait travailler dans le social mais comme il n’y avait pas de formation dédiée à Siem Reap, elle a intégré l’ACE (le centre australien pour l’apprentissage des langues étrangères).
Des gens posent devant l'école primaire
Pendant cette période, elle donnait également des cours d’anglais au sein de l’ABC Center afin de financer sa formation. L’enseignement est quelque chose qu’elle affectionne particulièrement. Son métier d’assistante sociale lui permet entre autre d’apprendre aux élèves les règles de vie en communauté, de savoir-vivre et les notions de respect. Et elle adore ça !
 
Après ses études, elle a continué de travailler au ABC Center mais cette fois en tant qu’assistante sociale. Cette expérience d’un an lui a permis de découvrir les rouages du métier et de se confronter à différentes situations. Elle a ensuite rejoint l’équipe du Bayon où elle a d’abord travaillé en binôme avec Viseth (qui était manager de l’action sociale à l’école primaire). Dès son arrivée, Soky a pris en charge l’aide médicale fournie aux élèves et la planification des visites de familles.
 
Après le départ de Viseth en 2018, Soky a pris pleinement en charge toutes les actions sociales en lien avec l’école primaire :
– Participation à la vie de l’école (soutien aux professeurs, mise en place des activités extra-scolaires, prévention des absences…)
– Conduite de l’aide médicale (coordination des visites des élèves dans les centres médicaux partenaires, distribution des kits d’hygiène…)
– Visites de familles (planification des visites annuelles et intervention ponctuelle en cas de besoin)
– Prise en charge du recrutement des nouveaux élèves (dossier de candidature, entretien avec les familles…)
– Suivi des étudiants du secondaire (mise à disposition d’un vélo, d’uniformes et de matériel scolaire à chaque rentrée, contrôle mensuel des absences et résultats, aide à l’orientation professionnel, soutien médical en cas de besoin…).
 
portrait d'une travailleur social
Même si son quotidien est très chargé, Soky adore son travail et la proximité que celui-ci lui permet d’avoir avec les élèves du Bayon et leurs familles. Les parents des élèves refusés lors de la sélection peuvent devenir agressifs avec elle, ce qui la touche au plus haut point. Elle arrive cependant à passer outre car elle sait que c’est à ce prix que nous pouvons assurer la qualité de l’éducation mise en place à l’école du Bayon.
 
Une fois par trimestre, elle organise une réunion de parents d’élèves pour les informer des actualités de l’école, leur rappeler les règles et répondre à leurs questions. Elle adore leur venir en aide et c’est pour elle une vraie vocation, elle ne s’imaginerait pas faire un autre métier. 
 
Au fur et à mesure, elle a noué un lien avec chacun des 400 élèves accueillis à l’école du Bayon et a appris à connaître les comportements de chacun, qu’ils soient positifs ou négatifs.
 
Elle a le sentiment aujourd’hui d’avoir trouvé le juste milieu entre autorité et relation de confiance. Elle est parvenue en seulement 2 ans à devenir le point de contact entre les parents et l’école primaire. Un gros travail l’attend ces prochains mois : le traitement des dossiers de candidature pour la rentrée prochaine et l’évaluation des familles. Elle et Mr. Thorn préparent également depuis plusieurs semaines un document formalisant la politique de recrutement de l’école du Bayon.
 
Toute l’équipe du Bayon la remercie pour son engagement, son professionnalisme et sa bonne humeur au quotidien. Bravo Soky !Une femme donne un cours dehors