Prendre conscience de son rôle

Prendre conscience de son rôle

 Cela va faire 4 mois que j’ai atterris au Cambodge, et je n’ai rien vu passer. Depuis ma sortie de quarantaine, cela a été un tourbillon de découvertes et j’ai parfois l’impression d’être arrivée seulement hier tant le temps passe vite. 

On m’avait prévenu que Siem Reap était sans dessus-dessous et que le passage du Covid avait eu un impact considérable sur la ville, en plus des travaux de rénovation de toutes les routes. Et en effet, la première impression est, comment dire, poussiéreuse ? 

De plus, la fermeture de 80% des hôtels, restaurants et bars donnaient à la ville, à cette période, des allures de ville fantôme. Si le choc a été un peu brutal, j’avais cependant eu le temps de l’anticiper et je m’y étais préparée, ce qui a sûrement rendu mon arrivée plus douce que ce qu’elle aurait pu être.

Passées les premières impressions, j’ai surtout (et enfin!) pu rencontrer toute l’équipe de l’Ecole du Bayon et découvrir à quoi ressemble l’école, le travail de chacun et ce pour quoi nous sommes engagés. Et quel bonheur ! J’ai découvert leurs visages et j’ai enfin pu mettre des sourires sur leurs prénoms

J’ai pu me rendre à l’école d’agroécologie, à l’école de pâtisserie puisque nos bureaux y sont, et à l’école primaire, lieu particulier puisqu’elle se trouve dans l’enceinte des temples, à l’abri du soleil et du bruit de la ville. Si toutes les écoles étaient encore fermées, la découverte de ces lieux m’a tout de même permis de mieux comprendre notre fonctionnement et notre organisation.

Je me suis également rendue auprès des farmers pour découvrir leurs potagers, et j’ai été impressionnée par le travail de ces femmes qui travaillent la terre. Souvent seules, leur production permet de nourrir nos familles bénéficiaires. Il y a tant à raconter sur elles, et les quelques photos que j’ai pu réaliser parlent souvent d’elles-mêmes. 

Je me rappelle qu’après cette première visite, Sakoth, le manager du programme d’agroécologie, m’a ramenée en ville sur sa moto et n’ayant aucune idée du chemin par lequel nous rentrions, je me suis laissée guider. Quelle surprise quand je me suis rendue compte que nous étions sur la route des temples et que j’ai vu se dresser devant moi ces magnifiques pierres, et l’impressionnant temple d’Angkor Wat, si majestueux lorsque nous l’apercevons pour la première fois !

J’ai été scotchée par ce spectacle qui m’a fait réaliser la chance que j’ai d’être ici, en pleine pandémie.

Aujourd’hui, 4 mois après, j’ai eu le temps de trouver mon rythme et je connais Siem Reap (presque) comme ma poche. La situation sanitaire s’est nettement améliorée depuis septembre et nous n’avons plus aucune restriction, ce qui permet d’apprécier la ville différemment. Les routes sont bientôt terminées, on aperçoit quelques touristes revenir et cela nous laisse penser que l’on s’en va vers du mieux – même si la situation en Europe en alarme plus d’un.

Les écoles sont rouvertes depuis fin novembre, pour le plus grand bonheur de l’équipe, mais aussi des élèves. Voir l’école primaire se remplir de toutes ces petites têtes dès le matin rend le travail encore plus enrichissant qu’il ne l’est déjà.

Ma mission a pris toute sa dimension en étant ici. Je sais pourquoi et pour qui je m’investis, je vois les résultats de nos actions et j’observe les progrès que nous faisons. J’ai échangé avec l’équipe, j’ai écouté leurs parcours de vie et leurs réflexions et je prends conscience du rôle que nous avons, en tant que volontaires sur le terrain. 

Je me questionne sur ce que nous avons et devons leur apporter, comment être un soutien, à leurs côtés, tout en les laissant guider les projets car eux, plus que quiconque, connaissent les enjeux de leur pays. Les conséquences de leur histoire et les situations dans lesquelles sont les populations les plus vulnérables. Je crois qu’il est important lorsque l’on se rend sur un terrain, d’être conscient de ces différents enjeux et de savoir mettre un pied en arrière lorsque la réflexion est trop éloignée de notre réalité, et de ce que nous pensons connaître du pays dans lequel nous partons. 

Je crois qu’il faut être conscient que, si pour la plupart nous ne sommes que de passage, pour ceux qui vivent ici et travaillent à l’Ecole du Bayon, cet engagement est celui de toute une vie.

Je vois mon rôle comme celui d’une petite main dans l’ombre, permettant de mettre en lumière celui de l’équipe ici. J’aime partager mes connaissances et leur donner les outils pour qu’ils puissent le faire eux-mêmes, échanger avec eux et me questionner sur la manière dont nous articulons notre travail pour être certain(e)s qu’il porte ses fruits. 

J’aime l’idée que nous sommes là pour semer ce que nous connaissons et orienter le travail vers des décisions justes et durables. Durable socialement, écologiquement et économiquement. Ne pas reproduire les mêmes schémas que ceux que nous connaissons tous, offrir à ces enfants un avenir meilleur et leur apporter les clés pour comprendre le monde et dessiner le leur

J’espère développer ces idées auprès de l’Ecole du Bayon le temps que je serais ici, à leurs côtés. J’espère vous montrer quelle est l’histoire derrière tout ce travail, quelles sont les questions, les réponses que nous trouvons. J’espère retranscrire dans mes écrits et les contenus que je vous partage, cette dynamique que nous souhaitons instaurer. Me questionner et vous questionner à votre tour sur les difficultés rencontrées ici, qui, bien qu’elles soient physiquement éloignées de vous, sont bien souvent l’écho de ce que nous connaissons chez nous. 

J’espère vous témoigner la volonté et l’engagement de nos membres, celle d’une équipe locale qui ne perd jamais de vue son objectif : offrir aux jeunes de la région d’Angkor une éducation de qualité pour leur assurer un meilleur avenir.

Découvrir de nouveaux challenges – Retour sur l’expérience de Laurane au Bayon

Découvrir de nouveaux challenges – Retour sur l’expérience de Laurane au Bayon

Laurane a été en stage à l’école d’agroécologie du Bayon de mars à août 2021. Bien que la situation sanitaire ait été difficile en cette période, elle revient avec ses mots sur ce qu’elle a appris au sein de l’Ecole du Bayon, et les souvenirs qu’elle emporte avec elle en France. 

Quelle avait été ta première démarche en venant ici, le but ?

Je suis arrivée au Cambodge en mars 2021 pour un stage/volontariat  de 6 mois durant mon année de césure en école d’ingénieur agronome, à l’ENSAT (Toulouse). Ma mère travaille depuis plus de 15 ans dans l’association franco-cambodgienne « Pour un Sourire d’Enfant » et se rend au Cambodge tous les ans. Depuis toute petite, j’ai beaucoup entendu parler de ce pays à l’autre bout du monde, qui me semblait très proche mais dont les médias parlent peu.  Je suis très sensible à la situation sociale du Cambodge et à son histoire. Je pense qu’il est essentiel de donner les outils à chaque population pour réussir à s’orienter vers une alimentation durable, solidaire et autosuffisante.

En venant ici, je recherchais la possibilité d’aider et d’accompagner concrètement sur le terrain des femmes et des familles afin qu’elles deviennent autonomes et indépendantes grâce au maraîchage et à l’agroécologie. Je suis convaincue que l’agroécologie est un levier pour faire face au changement climatique et aux problèmes sociaux liés à l’alimentation et à la santé, trop souvent présents dans les pays en voie de développement.

Quel a été ton rôle durant ces 6 mois ?

L’arrivée du Covid au Cambodge a rendu la période quelque peu compliquée, les confinements et quarantaines nous empêchant de rendre visite aux farmers, d’assurer un suivi régulier des fermes et la mise en place des distributions de légumes aux familles bénéficiaires. Ces 6 derniers mois ont donc été plutôt hachurés, mais j’ai pu apporter mon soutien à l’équipe Green Farming, notamment sur les questions d’analyses des problèmes rencontrés par les farmers et l’équipe, les enjeux de commercialisation des légumes, de leur production en agriculture biologique ainsi que les difficultés rencontrées face aux maladies et ravageurs présents dans les jardins-potagers.

J’ai travaillé conjointement avec Theary, une élève de l’école d’agroécologie du Bayon en stage au sein de l’équipe Green Farming, qui a été très inspirante et a su appliquer ses connaissances techniques et théoriques directement auprès des farmers !

J’ai également accompagné 3 étudiants de l’école d’agroécologie du Bayon partis en stage au Sud du Cambodge, chez notre partenaire Fair Farms. J’ai pu participer avec eux sur le terrain à un projet d’installation de couvert végétal sur une ferme de poivre, et également à un projet plus orienté sur la protection de l’environnement et sur la reforestation de 5 hectares dégradés afin de créer un milieu stable favorable aux abeilles et comprenant des ressources mellifères (qui produisent du miel) tout au long de l’année.

Qu’as-tu appris d’un point de vue professionnel et personnel ?  

Durant ces 6 mois, j’ai beaucoup appris sur l’agriculture tropicale et les questions liées à la nouvelle saisonnalité: la saison sèche et la saison des pluies durent chacune 6 mois, et comprennent divers challenges. Durant la saison sèche, il faut réussir à irriguer de manière raisonnée les cultures pour éviter le développement de maladies, et créer des nouveaux abris pour protéger les cultures du soleil. Durant la saison des pluies, une partie des champs sont inondés et les maladies et ravageurs se développent très vite, il est donc important de développer de nouvelles techniques pour préserver les cultures.

Il y a au sein du  projet de l’Ecole du Bayon de nombreux challenges à comprendre pour pouvoir plus tard transmettre ces outils et ainsi aider d’autres familles bénéficiaires du Bayon.

J’ai également appris sur la création et la gestion d’une école d’agroécologie dans un pays en voie de développement pour lequel l’agriculture est souvent synonyme de pauvreté et d’échec social. J’ai pu voir les rouages du fonctionnement d’une association, et la force de ses membres pour réussir à suivre du mieux possible les enfants et bénéficiaires de l’ONG, et ce même dans le contexte sanitaire actuel. J’ai rencontré de nombreux acteurs et pionniers de l’agroécologie au Cambodge, tous très inspirants au quotidien.

D’un point de vue personnel, j’ai appris à parler khmer grâce à mes collègues et j’ai pu découvrir leur culture au sein des familles, dans un cadre plus intime et personnel qu’à l’Ecole du Bayon.

Qu’as-tu constaté face à la crise sanitaire, que peux-tu dire de l’impact qu’elle a sur les farmers et leurs familles ? 

« L’évènement communautaire du 20 février 2021 » a chamboulé le quotidien des khmers. Le Cambodge avait réussi à freiner et contrôler le nombre de cas sur son territoire en sacrifiant l’économie du tourisme et en fermant ses frontières aux visas touristiques depuis mars 2020. Les familles du Bayon habitant dans les temples ont de nombreux emplois liés au tourisme et j’ai pu constater un très grand élan de solidarité au sein des familles, avec le retour des frères, des sœurs, et des enfants partis travailler loin des temples. Les farmers ont pu avoir une plus grande main d’œuvre pour travailler avec elles dans leurs jardins, mais elles ont également eu plus de bouches à nourrir, ce qui représente une plus grande charge de travail. Leurs familles se sont intéressées au projet et c’était très motivant de travailler avec eux et leur expliquer la base des principes agroécologiques !

Quelles leçons peux-tu tirer de ce contexte d’apprentissage si particulier ?

Il est très important d’avoir une bonne communication au sein des équipes pour pouvoir s’épauler et trouver des solutions ensemble. Que ce soit au sein de l’équipe Green Farming, mais également avec l’équipe sociale avec qui nous travaillons conjointement pour la distribution des légumes aux familles bénéficiaires. C’est dans ce type de situation de crise que l’on peut observer la résilience d’un projet et d’une équipe, et améliorer certains points pour mieux appréhender ces difficultés.

Que retiens-tu de cette expérience ?

Au-delà de l’agriculture et l’agroécologie comme levier d’autonomisation d’un pays, c’est l’éducation des générations futures qui pourra aider au développement du Cambodge. Les membres des bureaux du Bayon sont majoritairement issus de programmes d’aide à l’éducation, et donnent à leur tour aux enfants défavorisés des temples d’Angkor. J’espère que les campagnes de vaccination du Cambodge vont permettre rapidement une réouverture des écoles afin que les enfants puissent retourner étudier.

Je remercie mes collègues Theary, Chorvin, Sreyleak, Sakoth pour leur accueil, la transmission de leurs connaissances et les sourires que j’ai reçu. Je repars en France en me souvenant des farmers, de leurs rires, de la fierté qu’elles ont à produire ces légumes et à subvenir aux besoins de leurs familles. Je retiendrai notamment le courage et la force de ces femmes âgées qui travaillent souvent seules et qui ont pu retrouver leur dignité et leur joie grâce à l’acquisition de ces nouvelles connaissances en agriculture. Les meilleurs moments de la semaine, c’était toujours lors de la visite de leurs jardins et pendant la distribution de légumes. C’est un plaisir de les voir épanouies, s’échanger leurs conseils et admirer les légumes des unes et des autres !

Je souhaite bonne chance à Marie, la nouvelle stagiaire de l’équipe Green Farming, qui aura la chance d’être la nouvelle interlocutrice des farmers !

Si tu devais résumer ton expérience ici en 3 mots ?

 Gratitude, Challenge et Autonomie. Et Morning Glory !

REGARD SUR … – « Il est l’heure de partir » par Pénélope

Quand j’ai su il y a maintenant 3 mois que je viendrais au Cambodge dans le cadre d’un Volontariat de Solidarité Internationale avec l’École du Bayon, l’excitation et l’appréhension se sont quelques peu mélangées. Bien que je n’en sois pas à ma première expatriation, celle-ci avait d’ores et déjà une saveur particulière.

Premièrement parce que j’avais eu l’occasion de découvrir un petit bout du continent asiatique il y a quelques années et que les souvenirs que j’ai depuis tout ce temps ne se sont jamais effacés, bien au contraire. Je n’ai jamais cessé de répéter à qui voulait bien m’entendre qu’un jour, je reviendrai.

Deuxièmement, et là est toute la valeur de ce départ, parce que j’y vais dans un contexte singulier, pour une ONG, dans un domaine qui me porte depuis que j’ai commencé à imaginer à quoi ressemblerait mon projet professionnel, et qui correspond à ce pourquoi je voulais m’engager. Depuis toujours, j’essaie de comprendre comment notre monde fonctionne, quel est son équilibre, comment nos sociétés s’articulent entre elles, et surtout quelles sont nos différences. Culturelles, identitaires, sociales, je me suis toujours questionnée sur l’importance de ces différences et sur ce qu’elles ont à nous apprendre des autres. Je crois sincèrement qu’il est important d’apprendre à regarder autour de soi pour espérer trouver les ressources nécessaires à un monde plus égalitaire, à un équilibre propice aux changements et aux progrès. Je crois aussi que c’est en se tournant vers les autres que l’on peut se tourner vers ce que nous sommes et ce que nous voulons être. 

En partant m’engager auprès de l’École du Bayon, c’est un mélange de toutes ces questions que j’emporte avec moi, et qui guident mon travail au quotidien.

Je me penche notamment sur le rôle que la communication a dans la transmission de notions d’équité, de justice sociale et de droits civiques. Je m’interroge sur les multiples outils que nous avons pour mettre en lumière ce qu’il se passe ailleurs et pour faire rayonner des initiatives sociales et humanitaires parfois trop peu partagées.

Ayant commencé à travailler depuis la France, j’ai eu le temps d’imaginer à quoi ressemblerait mon travail et ma vie ici. Ma tête est déjà remplie d’images inventées par mon esprit, que j’ai hâte de remplacer par de vrais souvenirs. Imaginer à distance ce à quoi ressemble le terrain sur lequel nous partons et travaillons est une expérience plutôt singulière, si bien que mes appréhensions du début ont finalement laissé place à l’excitation grandissante de partir, enfin. 

D’enfin découvrir à quoi ressemble l’école, de rencontrer l’équipe autrement qu’à travers un écran d’ordinateur, de pouvoir rendre visite aux familles et aux enfants, d’arrêter d’imaginer leurs sourires mais de pouvoir leur en faire également, d’admirer le travail de ces femmes qui cultivent la terre, de goûter les pâtisseries de nos cheffes en herbe, de pouvoir enfin faire partie de ce que toute l’équipe aime appeler cette grande famille de l’école du Bayon.

Jour J, le 12 août. Après un départ chaotique et une course dans l’aéroport pour ne pas rater mon avion ; en cause, un test PCR refusé à l’enregistrement qui m’a valu quelques sueurs froides et pas mal de stress, je suis enfin dans l’avion, épuisée des derniers jours et des aurevoirs à mes proches mais heureuse de finalement décoller vers le Cambodge. 

Après 15h de vol, une courte escale à Singapour et 3 tests PCR pour me souhaiter la bienvenue, direction l’hôtel pour la quarantaine. Je retrouve à travers la vitre du bus la chaleur écrasante et humide, l’effervescence des scooters et des tuk tuks dans tous les sens, les stands ambulants de fruits et légumes, le bruit des klaxons et des moteurs, et j’ai du mal à réaliser que je suis finalement arrivée.

Jour 10. Lorsque j’écris ces lignes, nous sommes le 23 août et je suis en quarantaine depuis maintenant 10 jours. Plus que 4 ! Depuis que je suis ici, mon travail prend plus de sens et les choses deviennent plus réelles. Je prends davantage conscience de mon rôle et de celui de chacun pour assister nos familles. Mon engagement et ma motivation prennent de plus en plus de place et je trépigne d’impatience à l’idée de pouvoir échanger et mettre en forme toutes mes idées avec l’équipe sur place.

Vue de ma chambre de quarantaine, depuis le 11ème étage.

Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre ni ce que cette année va m’apporter. Je me laisse doucement porter et guider par l’énergie que je ressens déjà ici. J’espère pouvoir donner à mon travail et à mon engagement une dimension encore plus large que celle que je m’efforce d’avoir au quotidien. D’abord pour eux, les enfants pour lesquels l’Ecole du Bayon oeuvre au quotidien, en leur apportant mon soutien et en les accompagnant du mieux possible vers cet apprentissage précieux qu’est celui de l’école, et puis ensuite un peu pour moi, en espérant grandir encore, car je sais déjà que de toutes mes expériences à l’étranger, celle ci sera sûrement la plus riche en émotions.

Quand vous lirez ce texte, je serai déjà à Siem Reap depuis quelques semaines, et je prendrai le temps de vous témoigner mon ressenti pour vous dire si les images dans ma tête et celles que je partage avec vous pour la communication du Bayon sont les mêmes que celles qui existent pour de vrai.

Des paniers d’urgence pour faire face à une crise qui s’intensifie

Des paniers d’urgence pour faire face à une crise qui s’intensifie

Pour atténuer les effets de la crise sur nos bénéficiaires, nous avions mis en place dès mars 2020 des distributions hebdomadaires de nourriture. Le Bayon s’était ainsi mobilisé pour racheter une partie de la production de légumes cultivés par les farmes que nous accompagnons dans le cadre du programme Green Farming, afin de les redistribuer gratuitement, chaque semaine, aux familles de nos bénéficiaires. Cette initiative représentait pas moins 300 kg de légumes par semaine et permettait à ces femmes qui travaillent ardemment de continuer à générer un revenu tout en fournissant une nourriture variée aux familles. Pour celles qui avaient vu leurs conditions de vie se dégrader sévèrement à cause de la crise, des distributions bi-mensuelles de riz, dont la quantité est déterminée en fonction du nombre de personnes composant le foyer, étaient également effectuées en complément.

Aujourd’hui, face à une situation qui persiste et s’aggrave chaque jour, cette aide ne suffit plus à assurer une alimentation décente à la plupart des familles que nous soutenons. C’est pourquoi nous avons décidé de renforcer les distributions de légumes, étendre celle de riz à tous nos bénéficiaires et proposer également des compléments alimentaires sous forme de paniers repas d’urgence. A minima, cette initiative sera maintenue jusqu’à la réouverture des écoles afin de soulager les familles qui doivent désormais prendre à leur charge ces repas supplémentaires.  Elle permettra également de s’assurer que les enfants disposent toujours des ressources nécessaires à leur bon développement.

 

Parce qu’une alimentation saine et un soutien des familles sont des facteurs clefs dans la réussite scolaire de l’enfant, nous nous efforcerons toujours de leur donner les moyens de se nourrir et vivre dignement.

Plus qu’un stage au Bayon, une aventure humaine

Plus qu’un stage au Bayon, une aventure humaine

La parole est donnée à François, stagiaire au programme Green farming, qui revient sur son expérience au Cambodge pendant laquelle il a mis ses compétences au service des farmers que nous soutenons.

Stagiaire au sein de l’équipe Green Farming depuis le mois d’Octobre, ma mission touche à sa fin en ces derniers jours de Mars. La transition avec Laurane, étudiante-ingénieure agronome en année de césure, s’effectue en douceur. C’est elle qui va prendre le relais pendant les 6 prochains moins et ainsi s’ériger en interlocutrice privilégiée des agricultrices.

Ce n’est pas sans un pincement au cœur que je saluerai les agricultrices une dernière fois. Conscient que ce qui était mon présent glissera lentement, au fil des jours et des années, vers un souvenir vaporeux. Je n’aurais alors que quelques photos pour faire rejaillir en moi les moments partagés avec elles, leurs rires, leurs plaintes et nos échanges. Nombreux furent les apprentissages pendant ma mission, bien sûr ils furent théoriques, pratiques, tangibles m’ayant beaucoup appris sur l’agriculture en pays tropical, sur la gestion de projet ou sur le fonctionnement d’une association. Mais ces apprentissages furent aussi moins palpables, car lorsqu’ils trouvent leur source dans les échanges informels, dans le partage et la relation avec l’autre, ils nourrissent alors l’individu et ne peuvent être retranscris dans les lignes d’un CV.

C’est ainsi que je remercie chaleureusement les personnes côtoyées pendant mon séjour, car elles aussi ont contribué à me former. Je pense aux agricultrices qui m’ont laissé m’immiscer dans leur quotidien.

Je pense à Chorvin, mon collègue dont nos échanges émaillés de rires résonneront longtemps en moi, je pense à Camille, Tintin, Romain, Sakoth ou Sreyleak.  C’est aussi et surtout par ce contact humain que j’ai appris.

2 membres de l'ONG discute avec une bénéficiaire
Formation des agricultrices accompagnées par le programme

J’ai conscience de ma chance. Celle d’avoir pu vivre six mois au Cambodge auprès de ces femmes courageuses et de ces collègues engagés. Celle d’avoir pu échapper à la période difficile que traverse l’hexagone pour plonger dans les dédales des temples d’Angkor mais surtout, celle d’être né au cœur de ce même hexagone. Car même s’il est triste ou pathétique de partir si loin pour s’en apercevoir, c’est une chance unique que l’on a. Certaines situations au Cambodge, nous rappellent, parfois brutalement, que l’existence peut-aussi être une bataille pour certaines personnes. Être directement confronté à ces témoignages ou à ces vues, sans le filtre qu’inclut l’éloignement, est quelque chose d’assez corrosif. En constatant des scènes douloureuses ou en ayant accès à l’histoire de certaines familles, en observant ces difficultés dont la multiplicité peut rendre la chose commune, on se sent attristé, affligé, impuissant et puis, égoïstement, on se rend compte à quel point nous sommes chanceux d’avoir une vie moins pénible. Alors c’est peut-être aussi pour cela, parce que notre vie est plus facile, plus simple, qu’il faut s’engager et tenter modestement, d’aider ceux qui en ont besoin.

Formation des farmers

Pour finir, je souhaite à Laurane de savourer chaque instant ici. De prendre le temps d’écouter, d’apprendre auprès des gens qu’elle rencontrera. Et je suis sur qu’elle saura parfaitement s’intégrer au Cambodge et que le projet connaitra de belles avancées pendant sa présence !

Alors bonne chance Laurane !

Lancement réussi pour l’école d’agroécologie

Lancement réussi pour l’école d’agroécologie

Le directeur de l’école d’agroécologie Sakoth Brang, nous parle de la nouvelle formation professionnelle en agroécologie qui vient d’être inaugurée au Bayon.

L’école d’agroécologie est un projet coopératif lancé en partenariat avec Pour Un Sourire d’Enfant (PSE) et Vivre de sa terre. L’école a ouvert ses portes le 18 janvier de cette année et accueille sa toute première promotion composée de 10 étudiants. Dans le respect de la tradition khmère, l’inauguration s’est accompagnée d’une cérémonie de bénédiction durant laquelle trois moines ont été invités pour bénir les étudiants, le personnel et les locaux. Dans la culture khmère, la cérémonie de bénédiction revêt une forte importance, elle apporte chance et prospérité à ceux qui la reçoivent.

Pour en revenir à l’école, notre programme de formation professionnelle vise à donner à des jeunes, en situation de décrochage scolaire et issus de familles défavorisées, des compétences techniques en agroécologie sur une période de 12 mois. Parce que nous souhaitions que notre formation soit adaptée au contexte et permette aux étudiants de pouvoir s’insérer sur le marché du travail en agronomie, le programme que nous proposons répond aux critères de certification cambodgiens dans le domaine.

Afin de s’assurer qu’ils développent des compétences et acquièrent les outils pratiques qui leur seront nécessaires pour leur futur métier, des sorties expérimentales sur le terrain sont régulièrement organisées. Les étudiants sont ainsi amenés à rencontrer les farmers que nous accompagnons dans le cadre de notre programme green farming, ou à bénéficier de leçons techniques dispensées par des professionnels sur des domaines précis. 

En plus des cours enseigné à l’école, ils auront l’occasion d’effectuer 2 stages dans des fermes, des entreprises agricoles, ou encore des coopératives. L’objectif est très clairement pour eux d’obtenir une première expérience professionnelle et de mettre à l’épreuve les compétences qu’ils ont acquis au cours de la formation.

Au-delà, le stage est l’occasion pour eux de se familiariser avec une entreprise qui les accueillera probablement à la sortie de leur formation. En effet, une étude menée sur notre école de pâtisserie a montré que près de 74% des étudiantes étaient embauchées à l’issue de leur apprentissage dans un des établissements où elles ont effectué leur stage. Nous espérons les mêmes taux de succès pour les étudiants de l’école d’agroécologie.

Quoi qu’il en soit, et parce que notre prise en charge ne s’arrête pas à l’obtention de leur diplôme, nous les accompagnerons jusqu’à la porte de leur premier employeur. 

À l’issue de la formation, les étudiants seront donc en mesure d’utiliser les compétences techniques pour mettre en pratique les techniques d’agroécologie et de porter les valeurs du développement durable dans leur futur métier. Cela implique aussi bien de savoir gérer de petites exploitations productives, que vendre leurs produits biologiques sur le marché local, que de savoir établir des liens avec d’autres agriculteurs et organisations,  ou encore de connaître les systèmes agricoles et alimentaires. En ce sens, l’objet premier de la formation n’est pas l’étude de l’agroécologie en tant que discipline, mais le métier de l’agroécologue. La principale compétence visée n’est pas de comprendre ou d’analyser l’agroécosystème, mais bien de se développer et d’agir en tant que praticien de l’agro écologie qui sait mobiliser les principes et les processus écologiques des écosystèmes pour produire de manière durable.

Au nom de l’école d’agroécologie, je tiens à remercier les généreux donateurs qui soutiennent ce projet ainsi que nos deux partenaires PSE & Chivit Neing Dei pour leur expertise pédagogique et leur participation.